Le Covid au temps du cynisme d’État

Nos lecteurs savent à quel point nous partageons leur perplexité devant l’incapacité du site Mediapart à user de son habituelle opiniâtreté comme de son sens de la critique dès lors qu’il s’agit de la gestion du Covid !

Et pourtant tout n’est pas à jeter sur ce site qui publie deux édifiantes enquêtes à propos de la gestion de l’électricité et du taux de rémunération du livret A.

Ces deux dossiers méritent un intérêt particulier en ce qu’ils en décrivent la gestion invariablement paranoïaque, schizophrène et déloyale.  

Paranoïaque car tout (ou presque) est fait, tout le temps, n’importe comment, avec dans le meilleur des cas une vision à six semaines,

Schizophrène car les mesures prises sont systématiquement contraires à leur motivation annoncée,

Déloyale enfin car l’intérêt public est régulièrement passé à la moulinette de la gestion privée !

En matière de rémunération du livret A : l’État, on le sait de longue date, prend un malin plaisir à jouer du taux dans l’intérêt quasi exclusif des groupes bancaires alors même qu’il s’agit du produit d’épargne populaire par excellence.

Dernière pirouette, l’annonce par le ministre de l’économie d’une hausse (à 1 %) présentée comme un rempart contre l’inflation alors qu’une fois de plus, le taux en est bricolé :

« Il est d’ailleurs assez facile d’évaluer le montant de la spoliation décidée par Bruno Le Maire et François Villeroy de Galhau. Selon les dernières statistiques de l’Insee, « d’ici les six prochains mois, l’inflation se maintiendrait au-dessus de 2,6 % sur un an ». Par ailleurs, on sait que l’encours total des dépôts sur le Livret A ou sur le LDDS atteignait en octobre dernier 468,9 milliards d’euros ….  Si en 2022, l’inflation reste sur ce rythme de 2,6%, les petits épargnants verraient leurs économies sur le Livret A diminuer en pouvoir d’achat de 1, 6 %. Et cette perte de 1,6 % sur l’encours de 468,9 milliards d’euros équivaut à une ponction de 7,5 milliards d’euros. C’est cette somme que les petits épargnants vont perdre, avec ce geste du ministre des finances qui est tout sauf généreux. »

Si le cas du livret A est parlant que dire de la distribution de l’électricité, sinon que l’on se pince !

On se souvient que sous la pression des néo-libéraux (qui n’ont rien ni de libéral ni de nouveau) fut décidée il y a quelques douze ans l’ouverture débile du marché de l’énergie à la concurrence bidon.

Ouverture débile car la production d’électricité étant très majoritairement le fait du seul EDF, l’idée même d’une concurrence relève de l’absurde : faire distribuer par plusieurs, en une concurrence inventée, un produit fabriqué par un seul signifie que ceux-là feront leur gras sur celui-ci.

Concurrence bidon donc, puisque ce jeu de dupes a simplement permis d’obliger EDF à céder le courant à bas prix à quelques copains dont la fortune ne doit de ce fait rien au hasard.

Et formule déloyale s’il en est puisque c’est ainsi l’intérêt public qui a été trahi au seul profit d’enrichissements privés !

Et comme avec le livret A, rebelote : à trois mois de la désignation du nouveau Prince régnant, et motif pris de la hausse considérable des prix de l’énergie sur un marché devenu fou, l’État fait à nouveau casquer EDF, donc l’intérêt public !

« Plus du tiers de la production d’électricité produite par l’électricien public va donc être mis à disposition de ses concurrents …. Pour les fournisseurs alternatifs, le cadeau est immense. Alors que le mégawattheure en France tourne autour de 250 euros – c’est actuellement le prix européen le plus élevé -, ils vont pouvoir bénéficier d’un approvisionnement à un prix inférieur de plus de 70 % à ceux du marché. Pour EDF, la charge est gigantesque. Car l’électricien public, comme tout producteur industriel, travaille à long terme. Il a déjà vendu l’essentiel de sa production pour 2022 ; il risque donc de devoir acheter de l’électricité au prix fort pour la revendre à perte à ses concurrents. C’est sans doute ce qui s’appelle la concurrence libre et non faussée. La direction d’EDF a déjà fait une première estimation des surcoûts qui lui sont imposés par le gouvernement. Elle a annoncé qu’ils devraient représenter entre 7,7 et 8,4 milliards d’euros. »

Et le Covid dans tout ça ?

Mais nous y sommes en plein : l’État qui brade le petit épargnant au profit de la Banque, l’État qui brade EDF au profit de spéculateurs privés, cet État est le même que celui qui engraisse les firmes pharmaceutiques en injectant sa population jusqu’à l’écœurement, dans l’oubli total de la prise en charge précoce des malades, de l’hôpital et de la santé publique.

Combien de temps pour que la population réalise que l’intérêt public est systématiquement bradé par qui est censé l’incarner ?

https://www.mediapart.fr/journal/economie/140122/electricite-le-cynisme-electoral-du-gouvernement

https://www.mediapart.fr/journal/economie/140122/livret-une-indecente-demagogie

https://static.mediapart.fr/files/2022/01/14/livret-a-communique-1.pdf