Hôpital : la Macronie s’ébroue Nevers et contre tout

Depuis 2014, Denis Thuriot est maire (macroniste) de Nevers, ville de 35.000 habitants, préfecture de la Nièvre, à 250 km de Paris (soit 1 heure 45 en TGV).

Le même Denis Thuriot est évidemment simultanément Président de « Nevers Agglo », intercommunalité riche (comme les autres) d’une actualité sautillante conjuguant la redondante « douceur de vivre » au gré de l’indubitable génie de ses élus.

Le même Denis Thuriot est, tout aussi inévitablement, Président du Conseil d’Administration de l’Hôpital, et là honnêtement ça sautille nettement moins, cette vénérable institution se trouvant réduite à la situation habituelle proprement catastrophique de la santé publique, comme l’expose le Président soi-même : « Fin janvier [2022], 100 personnels de santé manquaient à l’appel à l’hôpital de Nevers … L’hôpital de Nevers est saturé. Les urgences sont pleines à craquer. Des patients doivent attendre des nuits entières sur des brancards. Il manque des lits ». La routine.

Schéma classique, dont son mentor SuperMacron est chaque jour davantage responsable, quoique là, le maire Denis ait bien appris sa leçon : critiquer la situation oui, mais ne pas oublier de rappeler que tout ça c’était (forcément) plusieurs lustres avant J.C. E.M :

« Ouvrir des lits, c’est une chose. J’entends tous ceux qui crient que ça n’a pas été assez vite, mais on ne forme pas des infirmières et des médecins en un an. On a accumulé ces dernières décennies trop de retard en formation des personnels médicaux. Des moyens ont été dotés par le Ségur de la Santé mais les effets ne sont pas immédiats, donc aujourd’hui on est obligés de composer … Il faut arrêter de découvrir ce qui existe depuis très longtemps. (…) Oui on a un manque de personnels soignants, oui ça fait des années, oui il y a eu un numerus closus (sélection des étudiants en médecine) qu’on n’aurait jamais dû laisser si longtemps. C’est une situation qui n’est pas inédite mais qu’il faut corriger ».

On « ne forme pas des médecins en un an », oui sauf que Manu et ses tontons flingo-macoutes des services publics sont aux commandes depuis, au bas mot, 2007 et que Maire Denis est en place depuis 2014. Ca commence donc à sentir furieusement le réchauffé. Il y a des phrases toutes faites qu’il faudrait mieux remiser au placard des idées reçues pour édile en mal de salades.

Alors, au fait, qu’accomplit donc Denis Thuriot pour « corriger » ? et pour « composer » ?

Trois fois rien : Denis Thuriot va se servir à … Dijon, capitale de la région Bourgogne, dont il débauche des équipes de médecins qu’il transporte en jet privé pour … la journée.

Il n’en faut pas davantage à la presse manufléchie pour encenser le fidèle vassal, crier au miracle, et glorifier le « pont aérien » des « flying doctors ». Rien que ça. Le ridicule décidément ne tue pas.

Evidemment, passé le ripolin by la Pravda, le procédé manuchéen, qui consiste à faire du n’importe quoi pourvu qu’on en parle, mérite un coup d’oeil appuyé.

Il est tout à fait (c’est à dire rigoureusement) impossible que ce cirque manucompatible ait pu être mis en place sans le total aval de l’ARS et donc aussi du ministère de la santé (auquel les ARS appartiennent) ; preuve en est le faux air de pas y toucher avec lequel son directeur aborde la question : « On verra à l’usage” si cela “répond aux attentes” en matière de soins et si c’est “bien gagnant-gagnant” pour l’hôpital de Nevers, note le directeur de l’Agence Régionale de Santé de Bourgogne-Franche-Comté ». Lequel n’a pas l’air de savoir que Dijon aussi se situe en Bourgogne …

Car « gagnant-gagnant », selon l’habituelle formule niaiseuse des macronistes, pour Nevers c’est à voir. Pour Dijon en revanche, dont les difficultés sont peu ou prou similaires sinon identiques, c’est tout vu !

Et c’est sans compter le « bed management », qui consiste à faire valser les lits façon multiplication des pains, dont se rengorgenorgueillit notre ministre François Braun.

Tant que nous y sommes d’ailleurs, à se gargariser d’américanismes stupides, lâchons-nous : du bed management, des flying doctors ? Comme le doctor management n’est pas à l’ordre du jour, à quand du moins les flying beds ?

La gestion géniale du maire Denis consistant à déshabiller Pierre pour habiller Paul, on peut gager que l’initiative start’upesque va faire des émules. A quand un Hub à Vulcania où deux fois par jour des équipages de carabins se croiseront l’air compassé avant que de s’envoler vers leurs destinations (réciproques). A quand le site https://sante.gouv.fr/toi-aussi-debauche-a-lhopital-voisin/.

Demain n’importe quel godelumaire ira faire son marché à l’hôpital voisin. Il suffira d’y mettre … le prix, et donc de créer un « marché » des toubibs et des hôpitaux prêts à mettre le stétho dans ce nouvel avatar macronesque de la gestion publique. Qui dit marché dira aussi gestion, présidence, bourse nationale des offres, sous-marché des réservations cessibles, et bien entendu régulation bidon. En bref, tout, absolument tout, pourvu que l’on puisse continuer à sabrer la santé publique en silence. Précision notable : évidemment les hôpitaux qui refuseront de se prêter à ce bonneteau médical seront pénalisés.

Le plus étonnant, se dit-on, est que la région ait apparemment laissé faire. Que Thuriot défende sa ville même au prix d’un acte de quasi piraterie macroniste, passe encore. Mais la Région ?

Il faut dire ici que Denis Thuriot est aussi conseiller régional, et qui plus est président de la commission des finances … et du coup on se demande bien à quoi servent ces casquettes gigognes à déclenchement variable … pourvu qu’il n’y ait pas de conflit d’intérêt …

Et là le bât blesse donc plus encore au regard des compétences de la région en matière de santé publique (que résume Olivier Renaudie in Revue française d’administration publique), et qui comme le reste sont passées à la moulinette signée manu-les-biftons :

« Le troisième pôle de compétences porte sur la lutte contre les disparités territoriales, certaines zones rurales courant le risque de devenir des déserts médicaux. Pour lutter contre ces derniers, le conseil régional intervient de deux manières. D’un côté, celui-ci peut attribuer des aides destinées à favoriser l’installation ou le maintien de professionnels de santé dans les zones dans lesquelles est constaté un déficit en matière d’offre de soins. Une telle compétence ne trouve pas son fondement dans le code de la santé publique, mais dans celui des collectivités territoriales, en l’espèce l’article L. 1511-8, qui a été introduit par la loi du 23 février 2005. Il n’est pas anodin de remarquer qu’une telle disposition figure dans un chapitre consacré au développement économique, compétence privilégiée des régions. De l’autre côté, le conseil régional peut attribuer des aides visant à financer des structures participant à la permanence des soins. Aussi bien en période normale qu’en temps de crise, de nombreuses régions ont mis en œuvre des politiques de soutien à ces structures, notamment aux maisons de santé pluridisciplinaires ».

Un fois de plus la macronie piétine donc autant les structures de soins que le système démocratique et institutionnel.

Bilan de cette singerie valant test grandeur nature : du Manu pur sucre : délirant, dommageable, illégal, hypocrite et cynique.

Avec à l’arrivée la consternante situation de l’hôpital public by ManuPharma :

Échouage hospitalier / Nièvre / 2023