L’attestation dérogatoires est un document destiné à ne faire la preuve de rien, et à faire rire les pays voisins.
Il est vrai que la mise en place de mesures d’enfermement (confinement, couvre-feu) a posé la question de son respect par la population.
Certes il fut d’emblée prévu de féliciter à titre postérieur les français pour le respect du confinement : sorte de politique de l’autruche officielle, ce mécanisme subtilement guérisseur permettrait d’absoudre anonymement les fautes et incartades non sanctionnées, et simultanément d’annoncer de nouvelles restrictions avec l’espoir qu’elles passent inaperçues, noyées dans un concert de flatteries au parfum assez hardiment électoral.
Le problème on s’en doute résida dès l’origine dans les vertus peu anticipatrices de ce cataplasme télévisuel.
On imagina donc l’attestation dérogatoire.
Avant d’en énumérer les fastes, il faut préciser (comme le Conseil d’Etat lui-même l’a rappelé) que se munir dudit sésame n’était absolument pas obligatoire pour justifier de son déplacement, et ce contrairement aux millions de remontrances qu’eut à subir la population.
Mise en place dès le premier confinement le système de l’attestation dite dérogatoire se décomposait en deux temps :
D’abord la lettre : l’attestation doit être remplie chez soi, ce qui suppose donc chez le citoyen de programmer, voire plus vraisemblablement de préméditer son déplacement : impression de la page A4, analyse des cases multiples à cocher, décision sur l’orientation officielle de la sortie ; rien n’est laissé au hasard dans la préparation de l’auto-extraction individuelle.
Ensuite l’esprit : l’attestation est dérogatoire, ce par quoi on rappelle que le comportement prémédité est bien en principe interdit, sauf pour la case cochée, qui, faveur délicieuse, tel un sauf-conduit de l’ancien régime permet de franchir les lignes ennemies au nez et à la barbe des gabelous.
On le voit, réprimandant et flattant à la fois l’ego râleur du quidam, tout cela était fort bien ficelé.