Conseil scientifique : vingt fois sur le métier …

… remettez votre ouvrage (Nicolas Boileau 1636 – 1711).

On peut sans errer gager que l’auteur de ce vers se serait aisément reconnu dans le Conseil Scientifique Covid-19 dont s’est entouré le Chef de l’État.

Car s’il faut reconnaitre aux membres de ce Conseil une vertu, ce sera la constance dans l’effort à géométrie variable, qui permet au bout du compte à chacun d’y retrouver ses petits.

Nos lecteurs ont déjà pu jauger le talent de cet étonnant aréopage, dont les conclusions ouvrent à chaque reprise au pouvoir un espace passablement malléable (et plus si entente).

Sur les conditions « scientifiques » d’élaboration de la loi récente portant, entre autres cadeaux estivaux, extension élastique du pass sanitaire, nous renvoyons sur ce point à notre étude (sous son chiffre 8 « Des conseils scientifiques »)

https://basta-covid.fr/elaboration-de-la-loi-en-periode-de-pleins-pouvoirs/

A propos de la cohérence générale de la démarche, nous restons par surcroît un tantinet songeurs :

A propos du pass sanitaire, le 3 mai 2021, le Conseil Scientifique (ci-après CS) déclare :

« Avec l’utilisation du pass sanitaire, il est probable, quoique restant à démontrer par des études scientifiques portant sur des événements réels que le Conseil scientifique appelle de ses vœux, que le risque de contamination puisse être réduit de façon significative sur un plan sanitaire »

Le CS donc réclame des études et dit son ignorance du sujet, ce qui n’empêche pas le pouvoir d’instaurer le pass, et donc de ne tenir aucun compte de l’avis de son CS. Et le 6 juillet  2021, le CS n’en dit pas davantage : en vérité, personne n’en sait rien.

Le 16 juillet 2021, consulté sur le projet de loi visant non plus à la mise en place, mais déjà à l’extension du pass, le CS loin de se plaindre de n’avoir pas été écouté  « donne un avis favorable au projet de loi ».

L’aventure n’est pas terminée : le 5 août 2021, on n’en sait pas davantage, mais le CS rend un nouvel avis et mange bel et bien son chapeau : « ….. s’appuyant sur des considérations essentiellement sanitaires, le Conseil Scientifique considère que la mise en place d’un « pass sanitaire » est adaptée et proportionnée »

Nous sommes passés de l’ignorance avouée à l’agrément pur, sans qu’aucune raison objective ou « scientifique » (et notamment pas les études réclamées) ne justifie cette valse du curseur. Et là bien malin qui pourrait comprendre qui bénéficie de l’absolution dans cette étrange partie de cache-cache : le pouvoir qui demande au CS un accord contraire à son avis véritable, ou le CS qui, quoiqu’à contrecœur, revient en cours …

Poil à gratter :

L’avis du 5 août comporte, hors les considérations qui précèdent, une petite phrase, beaucoup trop égarée pour être innocente :

« 7– Enfin le Conseil Scientifique donne également un avis favorable au point suivant : Après un épisode infectieux à covid-19 et un isolement, la période à l’issue de cet isolement durant laquelle une nouvelle mesure d’isolement n’est pas justifiée est fixée à 2 mois »

Là nous avons besoin d’une explication de texte : Quelle fut la question posée, Pourquoi cet obiter dictum ? Est-ce à dire que l’on ferait semblant de considérer que la protection issue d’une infection naturelle serait réduite passés 2 mois ? Quel jeu jouerait celui qui limiterait arbitrairement dans les textes la durée de la protection immunitaire naturelle ?

A suivre donc ….

https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/avis-conseil-scientifique5.08.2021.pdf