Perforbambinumab : les anticorps monoconaux au service du Haut Aveuglement Scientifique ?

C’est fait : le Haut Aveuglement Scientifique (H.A.S.) préconise, contre la bronchiolite du mouflet, l’administration systématique aux 480.000 nourrissons de chaque millésime du nouvel anticorps monoclownesque Perforbambinumab.

Commercialisé sous le nom évocateur Toximom TM, cette nouvelle pépite de la pharmaconégligence devrait, n’ayons pas peur des maux, littéralement faire un bœuf dans les quelques et rares sévices pédiatriques encore en activité.

En douterait-on que le taux de mortalité de cette « spécialité » à lui seul devrait suffire à en assurer le plein succès : nous disons, non pas Un, non pas Deux, mais bien Trois pour mille, c’est à dire à peu près exactement le taux d’alcoolémie p(ro)utatif de ses concepteurs et laudateurs .

Adjugé donc au bambin qui chougne au deuxième rang, la seringue préremplie : envoyé, c’est pesé.

Cela dit, passée la griserie d’un humour potache, le retour à la (dure) réalité s’impose : en d’autres termes, comment voulez-vous que ce genre d’énormité puisse être vrai ?

Comment ? Il suffit de demander : reprenons donc l’histoire, mais en vrai, et le lecteur pourra par lui-même immédiatement jauger à quel point … nous affabulons.

Reprendre l’histoire, c’est partir de la bronchiolite elle-même, infection due au Virus Respiratoire Syncytial (VRS) dont il s’avère qu’il s’agit chez le bambin d’une infection de gravité très relative (seuls quelques cas isolés devant conduire à une brève hospitalisation).

A lire même MSD Manual (lequel made by Merck & Co ne frôle pas trop l’antivax), « la mortalité est < 0,1% lorsque les soins médicaux sont adéquats ». Gardons bien à l’esprit ce taux donc de moins de 1 pour mille, avancé par l’industrie pharmaceutique elle-même. Il devrait nous servir bientôt.

En clair il s’agit donc le plus souvent d’une maladie bénigne, unanimement reconnue comme telle par tous les médecins bien nés.

Unanimement ? Médecins bien nés ? Quèsaco ? Evidemment il faut s’entendre sur les termes : nous évoquons un temps que les nourrissons de moins de vingt ans ne peuvent pas connaître : celui de cabinets et services pédiatriques en nombre et disponibilité suffisants ; celui d’hôpitaux en capacité de gérer la santé publique (au lieu d’en raboter les comptes privés) ; celui aussi de parents correctement intégrés avec leur enfant dans un système de soins cohérent et fiable ; celui aussi où la médecine n’était fabriquée ni au Ministère, ni par les seuls Big Pharma, et encore moins par une presse aussi incompétente que pharmaco-putassière.

Un ange passe. Evidemment, la Bigpharmaco-macronisation avancée du système de santé a fait voler en éclat ce beau scénario. En lieu et place, dès lors, au moindre symptôme de bronchiolite (ou pas), chaque année des dizaines de milliers de familles dépourvues de pédiatre, quand ce n’est de médecin tout court, et paniquées par des médias irresponsables, foncent aux urgences qui, quand elles sont ouvertes, ne peuvent faire mieux qu’écoper …

Et ce qui était dans la vie du marmot un événement classique sans gravité systématique et à prendre au sérieux avec le pédiatre, est devenu le ressort d’une énième paranoïa médiaticopharmaceutique.

Il n’en fallait pas plus pour déclencher dans le land(erne)au, une énième crise provaccinôlatre : à nous le médicament miracle, le comprimé salvateur, la piquouse infernale, la seringue préremplie …

Et préremplie de quoi ? Mais de tout, pardi, ou plus exactement de n’importe quoi : vaccin, anticorps monoclonal, ModernARN,  en bref tout ce qui peut éviter, croit-on, de rendre au système de soins ce qui lui été rogné depuis 20 ans …

Et donc le feu d’artifice est ouvert. Mais, prudence, se souvient le professeur Jean-Daniel Lelièvre car « il y a un passif. Dans les années 60, il y a eu un vaccin VRS à partir d’un virus inactivé. Il induisait des anticorps non neutralisants, et chez certains enfants, il a provoqué des effets inverses avec des emballements de l’infection. Deux enfants sont morts. D’où une grande prudence tout à fait légitime. ».

Donc on se calme. Enfin façon de parler : l’inénarrable casa Pfizer se lance dans « un vaccin délivré à la femme enceinte, qui de fait protégerait après sa naissance l’enfant en gestation » ; Comme on s’en doute chez Pfizer les taux d’efficacité dépassent largement celui d’un plébiscite nord coréen : comptez une réduction du risque des formes graves (bizarre cet air de déjà vu …) à hauteur de « 81,8 % » : oui Madame, c’est comme on vous le dit, et certifié et tout et tout. Quant on connait les performances, elles aussi relatives, de Pfizer en matière d’annonce de taux « d’efficacité », on en frétille d’avance.

Au moins la casa Pfizer a-t-elle obtenu le feu vert de l’EMA qui a évalué son bidule « dans le cadre du mécanisme d’évaluation accélérée, car la prévention des infections par le VRS est considérée comme présentant un intérêt majeur pour la santé publique ».

Ben voyons. Comme aurait dit Jean Gabin, quand il y a un vaccin à fourguer, il y a toujours une santé publique à sauver.

Moderna n’est pas en reste, sauf que là-bas ce sera tout schuss sur l’ARN. Normal, chez Moderna on ne sait rien faire d’autre.

Et reste le petit dernier, savoir la seringue préremplie des potes Sanofi et AstraZeneca.

Sanofi on connait, c’est la boite qui s’est vautrée dans les grandes largeurs en phase Covid, sa plus belle performance effective ayant consisté dans une léchouille véranesque d’anthologie à refuser à l’APHM d’honorer les commandes de Plaquenil. Merci pour tout.

Astra Zeneca, c’est pas mal non plus, puisque son « vaccin » covid de type ADN, source très tôt d’effets secondaires considérables, fut le premier à en pratique être discrètement … retiré de toutes les bonnes confiseries.

Et donc Sanofi et Astra Zeneca s’y sont mis à deux pour présenter un anticorps monoclonal.

A ce stade nous devons avouer à nos lecteurs que nos suggestions de dénominations n’ont in fine par malheur pas été retenues. L’anticorps a donc pour nom Nirsevimab et non Perforbambinumab qui nous semblait pourtant plus dynamiquement autoperceur.

Las, le nom commercial non plus n’a pu séduire les services financiers, et c’est ainsi Beyfortus qui a été préféré à Toximom dont pourtant la consonance discrètement mortifère nous avait paru commercialement assez évocatrice.

Laissons cela, car finalement nous n’avons pas tout perdu puisque sur le plan des résultats il semble que nous ayons été mieux entendus.

Il faudra pour cela lire « l’étude » puisque cette fois il y en a une ; Et là coup de chance, c’est un spécialiste qui a bien voulu la lire pour nous. Et quel spécialiste ?

Devinez : la HAS ? Non là faut pas trop déconner …  car la HAS, si elle estime le « service médical rendu » faiblard, juge vu « le profil de tolérance du nirsévimab (BEYFORTUS) acceptable » que bon, allez, ça va. Donc pour une lecture de l’Etude « Melody », faudra repasser.

Heureusement c’est le Docteur Michel de Lorgeril qui s’y est collé et a constaté que (outre le rituel cirque du risque relatif brandi comme absolu) il fut, sur 994 nourrissons ayant reçu le Toximom (pardon : le Beyfortus), dénombré 3 décès, ce qui conduit à un bête pourcentage de quelque 3 pour mille. Lesquels bambins ont très apparemment été passés par pertes et profits.

Pire, une autre « Etude » parue dans le NEJM et postérieure à l’essai Melody relate sur un ton sidérant plusieurs décès survenus : « Cinq décès sont survenus dans le groupe nirsevimab : deux dans la cohorte des prématurés et trois dans la cohorte CHD-CLD (tableau S5). Un décès est survenu dans le groupe palivizumab (cohorte CHD-CLD). »

Avec le précision salvatrice que «  L’investigateur a estimé que tous les décès n’étaient pas liés au traitement »; Nous voilà rassurés.

Soit donc, et pour le seul Nirsevimab / Beyfortus : 5 décès sur 406 + 208 = 614 injections, soit 8 pour mille !

Entre donc 3 et 8 décès pour mille donc à rapprocher du risque de décès inférieur à 1 pour mille.

Blague à part, 3 à 8 pour mille de 480.000 nourrisson, ça fait tout de même de 1440 à 3840 décès concevables …

Ce doit être le rapport bénéfice / risque : pas sûr qu’il soit positif …

Mais, en vérité, peut-être la vérité est-elle toute seule sortie de la bouche même de la HAS : « Selon la professeure Elisabeth Bouvet, qui a dirigé jusqu’à récemment la commission technique des vaccinations à la HAS, «cela bouge et c’est tant mieux. Pour les années à venir, les pistes les plus intéressantes sont autour de vaccins combinés avant l’hiver, où l’on proposerait un vaccin groupé pour le Covid, la grippe, la bronchiolite».

Ça bouge donc , ça c’est sûr.

Enfin surtout pour ceux qui restent ….