Le ciel est bien bas en cette froide matinée d’automne finissant. Un léger brouillard commence à envelopper Baker Street et le feu n’est pas de trop pour réchauffer un peu cet appartement bien vide depuis les derniers événements.
Il faudrait que je prenne mon courage à deux mains, autant pour secouer mes souvenirs, que pour mettre de l’ordre dans mes écrits. Je dois avouer que depuis que Holmes n’est plus, j’ai maintes fois songé à détruire purement et simplement les quelques kilos de documents accumulés dans cette vieille malle en cuir que j’avais ramenée des Indes emplies d’effets personnels, et qui contiennent aujourd’hui nombre d’aventures et d’enquêtes jamais encore relatées.
Non que ces notes prises parfois à la hâte ou ces embryons de récits ne revêtent quelque intérêt mais le lecteur comprendra aisément, que dans ces cas là l’esprit se sent autant désabusé qu’hésitant.
Était-il vraiment utile de ressortir ces données dont certaines comportaient des faits confidentiels ou pour certains bientôt historiques ? ne devais-je pas accepter de les laisser se recouvrir doucement de la poussière du temps , ou au contraire devais-je autant à la mémoire de mon ami qu’à ses talents prodigieux de décider d’en faire état, quitte à évaluer ce qui pouvait ou non être relaté ?
Après bien des hésitations, j’ouvris la malle. Un craquement sourd mais net accompagna le mouvement, signe que le cuir quoique encore docile avait bien séché. Après une courte recherche, j’en extrais le récit des événements que je vais vous narrer.
Les personnages et tout particulièrement notre singulier client ne seront que peu reconnaissables hormis pour quelques historiens qui ont déjà survolé le sujet, mais que je le pense les éléments qui suivent intéresseront au plus haut point.
A l’époque Holmes était au sommet de ses facultés d’observation et de déduction, si tant est d’ailleurs qu’elles aient jamais véritablement subi les outrages du temps.
Et ce n’est donc pas sans quelque émotion que j’en viens aux rouages étonnants de ces événements qui je crois n’ont pas leur équivalent dans l’histoire récente.