Fleuve noir en Gironde : Manu au tapis

Rien de tel pour remettre la rédaction dans le bain après une pause estivale, qu’une homélie pro domo par Manu soi-même.

Exemple avec le dernier autocatapultage organisé en haut lieu pour fêter le vingt millième hectare brûlé en Gironde.

Tel un Red Adair (pompier volant de légende aux 2000 extinctions) mais qui se serait subitement déplumé, Manu-les-talbins est donc descendu de sa top hyperclim’nation, histoire d’étouffangéliser de son bec crochu l’incendie girondin.

Hélas, et comme d’hab., le royal cancanadair s’est crashé en bon ordre sur les évidences les plus noircies de cette consternante affaire.

Car enfin de quoi parlons-nous ? Trois fois rien : 20.000 hectares cramés (Nono-les-hectares nous en traduirait la superficie en paraboloïdes hyperboliques flamanvillesques).

Rien que ça.

Et cramés pourquoi ? Parce que, confrontés à deux méga feux et à une météo démentielle, les pompiers locaux ont commencé à la pipette via les arrosoirs de jardin disponibles, eux qui ne disposent pas du moindre canadair pour asperger le brasier.

A l’heure où nous mettons sous presse, la feu n’est pas éteint mais contenu, grâce, et à une (relative) accalmie de la météo, et surtout au courage de milliers de pompiers, venus au péril de leurs vies remédier une fois de plus à l’incurie de l’État.

Car la rage couve ici davantage encore que le feu : comme pour l’hôpital, et comme pour tous les services publics, l’État bonimenteur, drivé à la cravache par les chantres irresponsables de la dérégulation mondiale, se résume à un indigne harpagon 2.0.

De la même façon que les malades se débrouilleront dorénavant avec le 15 (en attendant sa fermeture), que la première poste est à un litre de diesel (à 2 euros), ou que la valetaille salariée n’a qu’à se gérer l’inflation, les pompiers devront continuer à s’accommoder de la démission de l’État.

Car il faut lire (et sans rire) l’huile que Zeus soi-même est venu mettre sur le feu. En avant donc la machine à « y’a qu’à » :

Les arbres ? il suffit de « les replanter ». En trois jours ? Les campings ? de les « rebâtir ». Au noir ?

La législation ? De la revoir avec « des règles plus protectrices » et « de prévention dans la durée ».

Pour les arbres, d’ailleurs, on va même en faire « un grand chantier national » ; ça ne veut rien dire, mais ça sonne toujours bien un « grand chantier national ».

Galvanisé par ses annonces autoréalisatrices, notre royal volatile y est même allé du clairon : « on va aller au bout de la victoire » (en chantant ?) après quoi il faudra « construire le jour d’après ». Misère.

En revanche pour ce qui est des canadairs (qui sont le seul moyen de larguer, même sur des zones difficiles d’accès de grandes quantités d’eau écopées) la Manu Ciao coince nettement.

La réponse est un niet qui s’ignore. Et quoi qu’il en brûle.

« Nous avons la flotte la plus moderne d’Europe » dixit Jupiter (c’était pas « du monde » ?), ajoutant que les 22 avions dont est dotée la protection civile « étaient suffisants ces dernières années ».

Certes mieux vaut entendre ça que d’être sourd. Cela dit et de toute évidence, notre commandeur des écopages s’éponge dans les grandes largeurs avec les trois douzaines de rapports qui établissent qu’entre les bimoteurs cacochymes, les monomoteurs en semi-retraite,les appareils échoués sur le tarmac, et ceux qui servent aux pièces détachées, notre « flotte » de bombardiers d’eau est réduite à trois fois rien, soit quelques coucous rincés, aux commandes desquels les pilotes risquent leur vie à chaque largage.

« Basée à Nîmes, la flotte aérienne de la Sécurité civile compte 12 Canadair, 6 Dash – un 7e sera opérationnel en août, un 8e en 2023 – et 3 Beechcraft, selon Alexandre Jouassard, porte-parole de la Sécurité civile. Pour Christophe Govillot, les mécaniciens ne sont « pas assez nombreux pour faire tous les dépannages, il n’y a pas suffisamment de pièces détachées» et le prestataire privé responsable de la maintenance, Sabena Technics, « n’est pas à la hauteur». « Un avion est en manque de moteur depuis un mois » et « des dépannages qui devraient prendre 2-3 heures en prennent 5 ou 6 et ne sont pas très aboutis, avec des avions qui tombent en panne plusieurs jours de suite », déplore le syndicaliste.

Selon Laurent Michelet, ancien pilote de l’aéronavale qui a ensuite passé 22 ans dans la Sécurité civile, « sur les 12 canadairs, quatre étaient indisponibles et sur les Dash, seuls cinq le sont, puisque le sixième est en panne récurrente. Une situation qui est dénoncée depuis plusieurs années ». À propos de la maintenance, l’ancien pilote dénonce une nouvelle méthode de visite. « Avant, les bombardiers devaient tous êtres prêts pour le 15 juin, mais un cerveau parisien bien pensé (sic) a décidé que les visites devraient se dérouler toute l’année. Forcément, des avions sont donc immobilisés pendant l’été ».

De plus, les plus vieux avions datent de 1995. Les Trackers auraient dû être retirés du service en 2008, puis en 2020, mais « un manque d’anticipation n’a pas permis un bon renouvellement », regrette Laurent Michelet »

Puis s’auto-interrogeant le Chef de l’État des dégâts s’auto-questionne « Est-ce qu’il faut en avoir davantage ? », et le même s’auto-concède « La réponse est oui », mais, jamais en retard de ses habituelles phrases creuses, l’Auguste assortit aussitôt cette imprudente concession d’émollients codicilles : il faudra « une réflexion européenne » (ben voyons) et « redéployer une stratégie industrielle » pour construire ces appareils.

Traduction : nous aurons d’ici dix à quinze ans ans deux avions de plus (et à quart temps ?) quand Ursula Von Der Kanader aura eu le temps entre deux cocktails chez Pfizer et trois léchouilles à Oncle Sam, de (re)construire pour ce faire une usine en Ukraine (?) peuplée d’ouvriers syriens (?) ….

D’ailleurs comme l’a dit Manu 1er pour conclure : « Les semaines qui viennent vont être très dures »

Sans blague ….