Encore un peu et la descente aux enfers des services d’urgence bientôt ne sera même plus un sujet.
Car depuis que l’Etat (ou ce qu’il en reste) a compris que finalement on peut faire passer à peu près n’importe quoi, l’idée s’est très sérieusement installée de le faire n’importe comment.
Dans un premier temps, c’est à gros sabots vaguement feutrés que l’ex Braun Minister nous avait informés l’an dernier de la fermeture momentanée, temporaire ou nocturne de certains services d’urgence.
Puis enhardi par un an de mauvais traitements, il y a tout juste un mois, et juste donc avant d’être débarqué par Jupiter aux clinquants expédients, le même nous avisa que, de dorénavant à désormais y compris, « le ministère de la santé remplace progressivement les services des Urgences hospitalières en services d’accès aux soins (SAS) dont l’accès n’est plus possible sans avoir été orienté par le 15 ».
Le passage de « vaguement entrouvert » à « complètement fermé » n’ayant pas suscité tant d’émoi dans le landern’up , il restait à chasser les plaignants (anciennement « clients », eux-mêmes plus anciennement encore « patients ») non plus vers le 15 (dont on devine à peine la prochaine clôture) mais vers d’autres horizons plus ténus, moins sonores, et surtout moins coûteux encore qu’un central téléphonique (indien).
Mais où ?
Certes la figure grandiose et tutélaire du généraliste reste affichée en poster dans le mausolée putatif des errances médicales, mais soyons sérieux qui voudrait encore à l’ère de la matraque numérique passer sa journée à recevoir des gens qui tous sont malades et tous se plaignent …
Apparemment les services du nouveau ministre de la santé Rousseau ont donc trouvé la solution et pondu en une nouvelle carabistouille une carte dite « des lieux de soins ».
Et comme souvent depuis que Manu-la-Joncaille s’éclate dans notre quotidien, il va falloir choisir entre pouffer et … pouffer.
Car, tenez-vous bien, cette carte « élaborée par le ministère de la Santé, avec le concours des Agences régionales de santé (ARS) » réussit la performance d’emmailloter le territoire sans y faire figurer, et sauf accident, ni les médecins ni les hôpitaux publics in extenso.
Voir les explications détaillées que la décence intellectuelle nous interdit de reproduire.
Et voir aussi la fameuse carte …
En résumé (parce que résumer, ça on peut) l’idée consiste « avant de se rendre aux urgences » (dont l’accès est fermé) ou d’appeler le 15, à induire chez le malade un autodiagnostic sur des soins par essence « non programmés » pour tous les cas où il ne serait lui-même « pas sûr que la situation le justifie ».
Et là, si tant est que la prise de conscience requise ne suffise pas, l’introspecté aura droit à la case “bingo” : la carte d’accès aux soins « offre » un « lieu de soins » : pas terrible direz-vous ? Oui, certes, mais c’est sans le 15 … Et profitez-en car rien ne dit que ce laisser-aller va durer …
Selon les régions, le maillage laisse rêveur : passée une heure d’autocritique, compter deux heures d’auto tout court, à moins bien sûr que vous ne soyez « pas sûr que la situation le justifie ».
Finalement au ministère, on l’aime bien Nini-Peau-d’Chien.
Faut juste pas qu’elle soit malade …