Casse – Noisette

Sans aucun doute l’Histoire reconnaitra-t-elle au 8ème (et dernier) Président de la Vème République la redoutable capacité d’avoir en tout temps su dénicher, attirer, nommer, de ses oukases les exécutants les plus dociles, sinon les plus serviles

Or (le lecteur nous pardonnera ce truisme raffarinesque) la docilité est tout de même rarement signe de compétence extrême …

Faut-il en rire ou en pleurer, là n’est plus vraiment la question.

Car, à l’inverse de la plupart des commentateurs de presse, nous ne dirons pas que de ce gouvernement le plus symptomatique serait la (quoique toujours plus effective) dérive droitarde.

Non, à nos yeux le pire de cette énième opéra-esbroufe réside dans la disparition pure et simple de la notion même de gouvernement républicain : avec Attal Macron s’étale …

Certes Manu-la-Joncaille nous avait déjà habitués à l’insipidité achevée de ses sous-locataires à Matignon. De Doudou havrais en Bourne pas vrai, en passant par Jeannot-Labour, les ministres dits « premiers » se sont enchainés dans une torpeur résignée : puisque le chef de rayon décide de tout, pourquoi voulez-vous se casser le plot à lever le contrit museau.

Il faut dire que question captation des initiatives, l’Elysée depuis longtemps est habitué à gérer la loi en petit comité, le parlement se résumant à une vague chambre d’enregistrement des psalmodies pondues par les petits marquis et ténorisées en Conseil des Ministres.

Et voilà que même ce Conseil se retrouve vidé de ce qui était sa substance résiduelle, car enfin comment voulons-nous que qui que ce soit dans cet aréopage poudré à la hâte esquisse la moindre opinion de poids digne d’un regard globuleux du très Haut ?

On se remémore (en des temps révolus) quelques ministres ou personnalités de haut vol, quelques têtes bien faites qui ne manquaient ni de structure de pensée ni de coffre et qui, quoique n’étant pas Sa Majesté Soi-même, savaient avancer une maitrise conceptuelle à même de nourrir en haut lieu les débats complexes qu’impliquent les affaires majeures de la Nation.

Or à l’heure où la France maltraitée par l’Amérique et remorquée par les atlantistes de tout poil, dérive sottement vers autant de tréfonds que d’ampoulés discours, qui va dire à Son Altesse Sérégocentriquissime qu’elle se fourre royalement du matin au soir le doigt dans l’œil jusqu’à l’elbow de son amerloque trop top ?

Qui va expliquer que soutenir Israël dans son interminable destruction du peuple palestinien est le plus sûr raccourci, outre cet insoutenable génocide, vers la survenance inévitable chez nous d’attentats de représailles, vers la déflagration d’un conflit majeur au proche orient, sans compter d’ailleurs la redoutablement sionistupide disparition de l’état hébreux lui même … ?

Qui va expliquer que suivre aveuglément les desiderata des faucons américains fait de nous de vrais (cons), que trottiner derrière une Angleterre noyautée par l’État Profond US, derrière une Allemagne devenue simple toupie amerloque, derrière une Europe à la botte financière, économique, militaire, diplomatique, de l’Amérique, nous fait perdre toute souveraineté et toute capacité à nous défendre réellement dans un monde complexe ?

Qui va expliquer que remplacer la diplomatie par des propos de comptoir, que substituer au corps diplomatique l’escadron volant élyséen, que ne voir l’avenir du monde (donc le nôtre) qu’au prisme de slogans antirusses et antichinois, que ne concevoir notre stratégie de défense que comme un puéril réarmement, nous met à la merci des vrais périls ?

Qui va expliquer enfin qu’il est aussi désinvolte que pernicieux de ne pourvoir aux nominations à tous (ou presque) les postes de responsabilités que sous l’angle de la docilité, dont on sait que loin de garantir la compétence, elle n’assure pas davantage de la fidélité ?

Qui ? …  Mais personne pardi !  C’est même fait pour ça.

Il y a longtemps que le Roi ne réunit plus les États Généraux et ne consulte plus ses ministres.

La cinquième République s’achèvera donc sous la forme d’une petite cour fate et responsaballotée au pays des sucreries enchantées.

Rideau