Une France sans médicament ?

Une pharmacopée très théorique

La pharmacopée disponible est censée représenter un arsenal qui serait à disposition du praticien, surtout en France où l’on nous répète volontiers que nous aurions « le meilleur système de santé du monde ».

Dans la pratique, on s’abstiendra des buccins et trompettes pour ressortir des malles, la cloche, le tocsin, voire le glas …

Car cet arsenal prête largement le flan à la critique : selon l’ANSM elle-même, les médicaments dits « manquants », c’est-à-dire indisponibles sont en 2020 au nombre de 2400 (oui, nous disons bien : deux mille quatre cent !)

Et ce chiffre n’est pas un accident de parcours, puisque se révélant est en hausse constante depuis 12 ans, et avec une accélération inquiétante des manques tout particulièrement ces dernières années : 538 en 2017, 868 en 2018, 1200 en 2019, 2400 en 2020.

Pire, de nombreux médicaments essentiels font défaut au point que les stratégies alternatives de plus en plus faiblardes vont dans 18% des cas, en toute simplicité, jusqu’à ….. l’absence de tout traitement !

L’absence de médicaments est principalement liée aux décisions financières des laboratoires vis-à-vis des médicaments à faible rentabilité économique qu’ils refusent de fabriquer.

C’est sans compter également la délocalisation persistante des usines de fabrications qui nous fait dépendre de la Chine ou de l’Inde : 60% de la production mondiale de paracétamol est fabriquée en Chine.

Et pour couronner le tout 80 % des principes actifs pharmaceutiques utilisés en Europe sont fabriqués hors Europe dont l’essentiel en Asie.

Que la Chine (ou l’Inde) montre quelque humeur ou tout simplement qu’elle ait elle-même un besoin prioritaire, et la France peut se retrouver très vite sans produits essentiels et les hôpitaux paralysés.

Le fiasco est palpable si l‘on se souvient notamment :

(1) qu’il fallut pour se fournir en masques au printemps 2020, surmonter dans le plus complet désordre national une gabegie planétaire (et française) dans laquelle la Chine était prioritaire et maitresse du jeu

(2) qu’il fallut également pour ne pas manquer de paracétamol en venir en France à le rationner, alors même qu’il s’agissait de la seule suggestion de pseudo traitement suggérée par l’autorité avant étouffement !

(3) que des produits essentiels indispensables aux anesthésies et aux réanimations furent au printemps 2020 à un point de rupture tel que des produits ont manqués, que les hôpitaux ont du se débrouiller, pire que dès le 23 avril 2020 les hôpitaux se virent interdits de procédure d’achat, l’État se substituant et organisant la répartition (donc le rationnement) par les ARS.

On attend de pouvoir entendre quelle serait la stratégie enfin mise en place pour commencer à remédier à cette déroute nationale.

Une stratégie négligente

Aux produits volontairement manquants, en rupture totale ou partielle, délocalisés ou tout simplement non fabricables pour défaut des principes actifs constituants, il faut ajouter la négligence envers les médicaments anciens.

Dans l’idée d’une obsolescence, non pas même programmée, mais quasi obligatoire, les laboratoires pharmaceutiques ont décidé de ne plus étudier systématiquement les effets thérapeutiques des molécules anciennes, de faire fi donc de ce que l’on appelle le repositionnement.

En lieu et place à nouvelle maladie, nouvelle molécule, nouveau médicament.

Très délibérément certaines molécules anciennes ne sont donc plus (ou risquent de ne plus être) commercialisées simplement parce qu’elles ne sont plus rentables.

Or le repositionnement d’antibiotiques anciens donne d’excellent résultats, à la condition de ne pas les laisser tomber dans l’oubli médical.

Une étude récente a répertorié la plupart des 33 antibiotiques anciens dont 14 qui restent actifs contre trois groupes de bactéries résistantes à l’antibiotique de référence en réanimation : or la France (qui n’est pas la moins bien lotie) ne dispose que de 22 de ces 33 antibiotiques.

S’il en fallait une démonstration, l’efficacité avérée contre le Covid-19 de molécules aussi éprouvées que l’Azithromycine, l’Hydroxychloroquine, ou l’Ivermectine témoigne sans équivoque de la nécessité de ne pas laisser égarer ce patrimoine.

Comment l’État n’a-t-il pas pris conscience de l’urgence de mettre en place une structure de recherche nationale ne vue d’étudier (et mettre en œuvre) systématiquement le repositionnement de toutes les molécules anciennes.

Ça ne fera peut-être pas très moderne, pas hyper branché, pas très « start’up nation » ….

Mais soigner et penser à l’intérêt public, il faut un effet de mode pour ça ?