J’avais bien espéré pouvoir vous faire porter la suite de cette mystérieuse affaire avant mon départ.
Hélas je crains bien que les lecteurs du Strand n’aient à s’armer de patience quelques jours encore. Je confesse qu’à quelques heures à peine de mon départ pour le continent, il me reste encore de nombreux feuillets à dépouiller et à remettre dans un ordre bien compris.
Non que ma mémoire ne me fasse défaut, ni que l’agencement rigoureux qui fut le mien, lorsque j’entrepris il y a des années déjà de conserver méthodiquement les aventures non publiées vécues aux côtés de Sherlock Holmes, ne se soit révélé en quoi que ce soit perturbé. Mais il me faut néanmoins prendre vraiment le temps de bien remettre en perspective les tenants et aboutissants de cette surprenante affaire.
Enfin je me dois d’ajouter, que partant comme chaque année vers la Suisse rendre hommage à mon ami au pied des chutes de Reichenbach, c’est le cœur lourd que je boucle mes malles, en proie à une émotion qui m’éloigne autant de nos souvenirs aujourd’hui qu’elle m’en rapprochait il y a quelques jours lorsque j’entrepris de vous conter les dessous de ces curieux événements, qui auront probablement à jamais laissé dans l’histoire de nombreux de nos amis chers, une trace dont vos lecteurs auront à bientôt juger plus complètement.
Je vous dis donc, non sans y joindre mes remerciements anticipés pour votre compréhension, à vous revoir dans quelques jours, le temps que ce voyage me ramène vers notre aimée Angleterre, emplis de ces images aussi prégnantes qu’impalpables dans ces lieux où pour la dernière fois je fus le compagnon de cet homme extraordinaire.
Votre sincèrement
John H. Watson