“Il faut vous faire un dessin ?”

A l’heure où la presse franchouillarde, entièrement passée sous la coupe de la bien-pensance argentée macroniste, s’est définitivement et servilement alignée sur les exigences de ses propriétaires affidés au pouvoir, à l’heure où Mediapart confirme chaque jour davantage la géométrie variable et la partialité de nombre de ses investigations, à l’heure où même “Le Canard” s’est auto-réduit à quelque piteux volatile de basse-Cour, s’informer objectivement est en passe de devenir l’obstacle premier dans le simple exercice même des libertés individuelles.

Car comment et où de cas en cas entendre les opinions et réflexions de responsables non alignés ? Où écouter Rony Braumann, Jacques Baud, Michel de Lorgeril, Hubert Védrine, Didier Raoult et tant d’autres, sans avoir à fouiller quotidiennement les rares espaces non censurés par la doxa occidentale obligatoire ?

Pire où recueillir une information généraliste et contradictoire ?

Ce quotidien à ce jour existe encore : Il Fatto Quotidiano

Son inconvénient est de n’être disponible qu’en italien.

Mais à l’heure où c’est aussi en Italie qu’il faut se réfugier pour échapper à la malbouffe mondiale (et détestablement française), est-ce vraiment si grave ?

Un spritz con piatino à Oneglia, un apericena à Alba, un piatto di tagliolini con gamberi e zucchine sur la Fondamenta Capucine ou encore un piatto di baccala alla livornese à la trattoria del’Angelo d’Oro, et il n’y paraitra plus ….

En attendant lisez l’éditorial de Marco Travaglio le 24 janvier :

Il faut vous faire un dessin ?

“C’est donc officiel : si Poutine gagne la guerre en Ukraine, ce n’est pas la faute de ceux qui l’ont armée jusqu’aux dents et envoyée au massacre, mais celle des pacifistes qui ont voulu la sauver.

“C’est ce qu’écrit Goffredo Buccini dans le Corriere : “Un certain pacifisme, toujours plus proche de l’apaisement sur l’Ukraine, ouvre la porte à un totalitarisme (russe, ndlr) plus tangible qu’un ectoplasme” (les fascistes d’Acca Larenzia, condamnés par Moscou et malheureusement aussi par l’UE). Et il accuse le PD, qui vient de voter avec le gouvernement le énième décret-loi d’envoi d’armes, d’être “de plus en plus attiré par les CinqueStelle, parti opposé au soutien à Zelensky” (et qui a d’ailleurs voté contre).

“Même l’échec de la contre-offensive de Kiev (100 000 morts en quelques mois pour récupérer 1/350 des territoires occupés et en perdre davantage), l’arrêt des livraisons militaires américaines au profit de conflits plus populaires (Gaza, Mer Rouge, Taïwan), les contorsions d’une UE exsangue et épuisée, le début de la contre-offensive russe qui va dévaster et avaler d’autres morceaux de l’Ukraine ne suffisent pas à ouvrir les yeux de nos Sturmtruppen (n.d.t.: en allemand dans le texte ! (troupes d’assaut)).

“S’ils étaient honnêtes, ils prendraient note de la dure leçon des faits, admettraient qu’ils se sont trompés et s’excuseraient auprès de ceux qui avaient raison depuis le début : non pas les Poutiniens, qui n’existent pas, mais ceux qui réclamaient des négociations.

“Non pas pour livrer l’Ukraine à Poutine, mais pour la sauver de l’inévitable victoire de Poutine en négociant avant ou immédiatement après l’invasion.

“Pas avec les mots creux de Miss Italie sur la paix dans le monde, mais avec un compromis basé sur la neutralité de Kiev et l’autonomie du Donbass : ce compromis même accepté à Minsk, puis trahi par les gouvernements ukrainiens de Porochenko et de Zelensky, qui ont continué à bombarder les régions russophones jusqu’à l’invasion russe (et même après, voir le massacre de dimanche au marché de Donetsk : 25 civils morts et 40 blessés).

“De fait, cette négociation eut lieu, sous la médiation du premier ministre israélien de l’époque, Naftali Bennett en mars 22, immédiatement après l’invasion : Poutine renonçait à désarmer et à “dénazifier” l’Ukraine et à tuer Zelensky, lequel renonçait à rejoindre l’OTAN.

“Je crois vraiment, dit M. Bennett, qu’il y avait une chance de parvenir à un cessez-le-feu”, grâce au “pragmatisme de Poutine qui comprenait parfaitement les contraintes politiques de Zelensky” , et à l’ouverture parallèle de Kiev.

“Mais Biden et Johnson ont “bloqué la médiation” et ont décidé de “continuer à frapper Poutine”. Autrement dit, de confier le destin de l’Ukraine au champ de bataille, en vidant les tables de négociation et en inondant Kiev d’armes et d’illusions jusqu’à la défaite de la Russie. Aujourd’hui, malheureusement, le champ de bataille a donné sa réponse.

“Il reste à avertir les derniers italo-japonais barricadés dans la jungle de leurs absurdités.

“Et s’il le faut on leur fera un dessin … “