Le grand jeu des mille (Elisabeth) Borne

La partie que notre Prince Rognant doit jouer au mois de juin est serrée : comment faire croire à la plèbe que tout a changé, histoire de gagner les législatives, sans trop laisser voir que rien ne change, histoire de continuer comme avant à jouer au Jackpot aux roses, sur la grand’mare des canards avec les copains d’abord (les copains d’abord américains, mais pas que).

En gros donc comment faire du Macron 2, à la fois le sosie et le contraire du Macron 1er ?

Fastoche : il suffit de lancer une nouvelle séquence du « en même temps » : en même temps, on remplace Castex par un autre parfait exécutant, et en même temps on lui fait dire tout et le contraire de tout.

En termes sanitaires, cela donnera (on le sait déjà) une accélération vers la « liberté du vaccin obligatoire », ou encore le « pass vaccinal à égalité pour vous tous ensemble », le tout décidé dans une opacité « totalement transparente » via un Conseil de défense « entièrement démocratique » et dont les procès-verbaux de séance seront archivés « secrètement selon la Loi » …..

L’amuse-gueule que représente l’entrée en matière d’Elisabeth Borne ne laisse aucun doute sur la méthode : avec son air de E.T. drapé dans un cabas Intermarché, la nouvelle première gâchette n’a pas attendu longtemps avant de nous lâcher quelques pépites façon Macromonopoly, assistée il est vrai de l’indéboul(onn)able Bruno Le Maire allia Nono-les-hectares*.

* Bruno Le Maire Fradin de Bellabre, ci-devant ministre chez les gueux, traîne le boulet du surnom de Nono-les-hectares depuis que, Ministre de l’Agriculture, il dut avouer en public ignorer à quelle surface correspond un hectare, cette lacune donnant au passage une idée assez piteuse, et de ses compétences « agricoles », et du niveau de (dé)formation de nos (très) chères « élites », passées comme d’hab par l’ENS, l’ENA, Sciences Pô et patacoufin …   

Retour sur le plancher des vaches pour les premières salves donc de notre nouveau jeu des mille Borne : en foi de quoi notre E. T. d’emblée s’est pointée le 20 mai sur le plateau de TF1, histoire d’annoncer la couleur. La couleur de quoi ? … de l’argent pardi !

Classique : faire les yeux doux au peuple en l’arrosant à foison est encore la meilleure méthode pour lui indiquer comment voter (s’il les veut vraiment, les pépettes).

Ainsi furent d’emblée annoncés « un projet de loi sur le pouvoir d’achat »  prévoyant « un chèque alimentation », mais aussi « des mesures de bouclier tarifaire » sans compter « la réduction des prix du carburant [qui] sera prolongée ». Ajoutez « la revalorisation des retraites et le triplement de la prime Macron », et voilà un bon cabas.

Sans compter, bonus de rêve, la voiture électrique gratuite pour tous.

Si, si ! : Promettre « à tous les Français de pouvoir accéder à des véhicules électriques avec des locations longue durée à moins de 100 euros par mois » veut dire une voiture électrique pour environ 6.000 € (60 mois à 100 €). Donc une voiture gratuite si l’on songe que le prix minimum d’une voiture électrique est rarement inférieur à 30.000 €. Une voiture pour chaque électeur, il n’y a pas à dire, le jeu des mille Borne démarre très fort.

Le lendemain 21 mai, c’est Nono-les hectares qui « lance la bataille du pouvoir d’achat » et assure que « la protection des Français face à la hausse des prix sera “la priorité” du gouvernement » puisque, dixit l’intéressé, « l’inflation est évidemment notre premier défi ».

Notre ministre de l’Économie dévoile par ailleurs une autre facette de son talent puisque insistant bien sur le fait que « ces nouvelles dépenses  qui s’annoncent …n’empêcheront pas de respecter les engagements du président de la République sur la baisse de la dette publique et la réduction des déficits ».

Donc en gros on va dépenser plus mais (puisque « la maîtrise des comptes publics fait partie de l’ADN de notre majorité ») en dépensant moins. En même temps évidemment !

Comme d’hab, la com est redoutablement organisée, et donc troisième séquence du pilonnage médiatique le 22 mai, par re-Babette qui (déjà) défend son gouvernement de l’avant-veille, précisant au passage que bien entendu, il n’y aura « ni hausse d’impôts, ni augmentation de la dette » et donc toutes les dépenses électorales seront assumées par le Saint Esprit, ce qui permet donc de promettre du même coup de « ne pas mentir aux Français ».

Annoncer, en deux jours à Matignon, que les vannes vont s’ouvrir (et en grand) mais que ça ne sera financé ni par l’endettement, ni par l’impôt, c’est sûr ce n’est pas « mentir aux français ».

Et tant que nos élites en sont à “ne pas mentir“, ce serait l’occasion ou jamais d’admettre :

(1) que la hausse des prix de l’énergie est entièrement due à leur fixation spéculative et à la délirante dérégulation des marchés de l’énergie chère à notre Tsar de Somme ;

(2) que les ruptures d’approvisionnements, donc les hausses tarifaires des matières premières et produits de première nécessité sont entièrement dues, et à leurs gestions (et ici spéculatives ou non) inconsidérément surmondialisées, et à la destruction organisée des économies mondiales (Covid + Ukraine)

(3) que tant cette mondialisation effrénée que son piétinement ont été entièrement commandités par une Amérique maitre du monde et de la finance, assistée bien entendu des élites européennes assez stupides et aveugles pour lui faire systématiquement allégeance au nom de l’argent roi.

Sincérité quand tu nous tiens …