Nous avions quasiment « prédit » il y a 3 jours à peine que la méga-porcherie organisée à l’échelle du territoire par les pros de la pompe à fric (et purin) se terminerait dans la plus totale impunité et au seul avantage de leurs organisateurs.
Nous ne nous étions pas trompés : l’Etat a lâché tout et n’importe quoi dans n’importe quel ordre (et le reprendra quand il voudra) en faveur d’une Fnsea qui renforce son emprise sur des culs-terreux renvoyés sans ménagement dans leurs trous.
Quant aux « annonces » mêmes du pouvoir, il suffit de connaître un tant soit peu le milieu omertagricole pour jauger l’imposture consubstantielle d’un dérapage véritablement la(ttal)mentable.
L’essentiel en vrac et brièvement :
1. L’aide promise considérable en faveur des éleveurs se limite à une forte aspersion de gros sous, mais évite soigneusement toute mesure qui conduirait à produire autre chose que d’ignobles cochonneries.
Et donc continueront (notamment) à prospérer : les usines bretonnes pourvoyeuses de millions de porcs, véritables camps d’extermination d’animaux industriellement anéantis pour finir en immonde charcuterie de supermarchés ; les hangars remplis de volailles label pure flotte, justes bonnes à saturer de leur mauvaise graisse les habituelles frites congelées ; les insupportables transports routiers d’animaux déportés dans des conditions autoroutières dantesques par le chauffeur lituanien d’un camion roumain ; les ignobles abattoirs où les bêtes sont massacrées hors caméras par millions dans l’indifférence macroniste générale ; le soutien abouti donc à une filière à ce point honteuse que le seul remède en serait la fermeture immédiate.
L’occasion était pourtant unique d’affecter les aides à une transformation radicale du système. Et bien, non. Circulez, il n’y a rien à voir : l’élevage industriel produit de la merde et ne changera donc pas d’un iota. Ces racailles qui font leur gras sur le dos des animaux puent la mort. On ne peut que souhaiter qu’ils en crèvent.
2. Une aide, considérable elle aussi, serait attribuée à la viticulture pour arracher 100.000 ha de vignes « temporairement … pour résorber la surproduction le temps que la consommation reparte » nous dit le ministre ! En voilà encore un qui n’a pas souvent retroussé ses manches à la vigne ou au chai.
N’en déplaise aux coopératives et aux ronds de cuir qui fantasment la viticulture comme un céréalier spécule en bourse sur son maïs, un arrachage « temporaire » ne veut strictement rien dire. Le propos est même consternant.
D’abord 100.000 ha c’est la taille du vignoble bordelais ! Ensuite la vigne est une aventure de longue haleine. Chez les vignerons bien nés (il y en a), on travaille la vigne de son père et on installe celle de son fils. On sait aussi que l’excès de rendement est l’ennemi numéro 1 de toute idée même de qualité. Donc non seulement on ne plante pas n’importe quoi, n’importe où, sur n’importe quelle superficie, mais de surcroît, la vigne une fois installée, on s’en occupe correctement.,
Or depuis trente ans la seule politique de cette pauvre Fnsea consiste à faire planter des surfaces démentielles et à leur faire produire une vinasse infâme qui fait péter les chais des coopératives et dont ils ne savent sortir qu’en exigeant régulièrement des pouvoirs publics le financement de systématiques distillations afin de brûler le tord-boyaux en stock.
Pire, cette politique de plantations à outrance s’est accompagnée de la mainmise sur les structures de production, sur les aides européennes (gage d’obéissance des ploucs) et sur les mécanismes réglementaires par la suppression au passage, et de la liberté syndicale, et du rôle d’arbitre autrefois essentiel de l’Onivins.
Pas grave, c’est au fossoyeur de la viticulture français que le gouvernement va donc confier les moyens de l’achever.
3. Rien sur la qualité des productions donc, mais rien non plus sur les prix : les rodomontades de la Maire Bruno sur les contrôles dont Michel-Edouard & Co se gausse en se tenant les côtes ont de beaux jours à venir.
La situation est limpide : quatre centrales d’achat et deux ou trois structures professionnelles font la pluie et le beau temps en matière de(mal)bouffe avec pour conséquence d’étrangler simultanément les employés, les fournisseurs, et les clients.
La seule solution est un (rigoureux) contrôle de (tous) les prix : les prix payés aux agriculteurs (et non à leurs coopératives vampires) et les prix payés par les clients, avec en ligne de mire la surveillance des profits détournés par l’ensemble des parasites : que la coopération, l’industrie alimentaire et la grande distribution soient rémunérées pour ce qu’elles font, et non pour ce qu’elles font faire aux autres.
Mais évidemment en dirigisme macroniste il n’en n’est pas question.
4. Reste enfin « l’écologie » mise à la poubelle comme le réclament depuis toujours les syndicats agricoles. Comme le disait le gnôme-résident sarko en 2011 déjà :
« l’écologie ça commence à bien faire » !
« Suspension du plan Ecophyto, mise sous tutelle des agents de l’Office français de la biodiversité, allégement de la réglementation sur les haies… Pour satisfaire les revendications des agriculteurs, le gouvernement détricote plusieurs mécanismes de protection de la biodiversité…. Des « erreurs » qui « sacrifient l’environnement à la démagogie », un gouvernement qui « se trompe de combat pour résoudre la crise agricole », de « graves reculs » sur la transition écologique… Le constat des organisations de protection de la nature est unanime : pour répondre à la colère des agriculteurs, mobilisés pour revendiquer des revenus et des conditions de travail décents, le gouvernement a mis à mal plusieurs mesures et mécanismes visant à protéger la biodiversité, confrontée à une crise sans précédent …. [le] rôle-clé de l’agriculture dans la lutte contre le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité a malheureusement été balayée par la volonté de complaire à la FNSEA ».
En résumé, une bien belle semaine qui aura permis à ceux qui ont tout raté de pouvoir continuer à le faire et à ceux qui s’engraissent de se finir à l’oseille surfine !
Bon appétit.