Monsieur Jourdain est nu

Passée dans le langage courant pour souligner, à divers degrés, aussi bien la fausseté des apparences que l’absence de consistance, la formule « Le Roi est nu » désigne en bref  la vacuité de qui s’échine à bomber le torse, sans même réaliser que finalement personne n’est dupe.

Hors lui-même bien entendu.

Or pour notre malheur renouvelé, notre Jupiterratique nous en donne (et pour la énième fois) l’illustration, singeant au passage en version 2.0 une sorte de Grand Mamamouchi, dignité turque conférée par Molière dans Le Bourgeois gentilhomme à ce grand dadais de Jourdain, aussi orgueilleux que capricieux, et (surtout) aussi manipulé que manipulable.

Car voici donc, en grande pompe quoique dans le plus simple appareil, le Manumouchi à la recherche de la recherche de la recherche (de la recherche).

Qu’èsaco ? Vous allez rire : trois fois rien …  Enfin non,  ou plutôt si, car il y a quelques semaines, notre lueur des prosternés s’est levé d’un bond, apostrolifant t’au passage quelque Birgit interrogacomateuse au cri de « ha mais, sacré nom dédiou, où c’est qu’elleu va pordi la recherchu françaiso, putaing cong ? » ;

La réponse, on s’en doute, de qui était systématiquement tiré du sommeil par autant de fulgurances à quatre sous que de chouquettes itou, ne se fit pas attendre : « Hé ben, té, va donc t’en faire un conseil, hé fada ! »

Ainsi est née l’étincelante idée d’un permanent conseil by Manu-la Science, devenu plus simplement (modestie aidant), le « Conseil présidentiel de la science ».

Excusez du pneu.

Jamais en retard d‘une flatterie ampoulée, la presse manufléchie s’empressa de crier au génie et de faire de cette nouvelle guignolerie le successeur prétendu du défunt Conseil scientifique (ex Delfraissy Raptors), sans même songer que le Géotrouvetou de la com n’est jamais en retard d’une farce, et que donc existe déjà le CVS, à cette fin repu des décombres de comités en pagaille.

Ce nouveau « Conseil présidentiel de la science » sera chargé de l’éclairer [Ledit Manu] sur « les enjeux scientifiques d’avenir …  [et à cette fin sera] ….. composé d’une dizaine de chercheurs ….. ».

Suivent les noms des « scientifiques » récipiendaires, dès après leur levée d’écrou, de la royale faveur, et dont un esprit mal tourné aura deviné la promesse contrite de ne jamais contredire Sa Majesté, et donc de se limiter à suivre humblement sur le chemin de la révélation, les impériales illuminations d’Icelui.

Toujours à lire les Échos de la savane élyséenne, le « Conseil présidentiel de la science » installé à cette occasion sera une instance permanente, qui jouera « un rôle interne de conseil » du président de la République …..  Ses avis ne seront pas rendus public, à la différence du Conseil scientifique Covid 19 », sans compter (on n’est jamais trop delfraissyprudent) que ledit conseil n’aura pas non plus de président.

Très honnêtement on se demande pourquoi on parle d’un conseil sans président, sans réunion, sans procès-verbal, et sans publication.

A moins que ce ne soit juste pour en parler évidemment …

Enfin non car l’Élysée se fend tout de même d’une subliminable référence au Covid, dont tout aurait été différent (vous pensez bien) si « un chercheur  … il y a dix ans [avait] pu parler au président de la technologie des vaccins ARN » ….

Et là, le lecteur aura senti l’impalpable fadaise qui consiste à faire mousser ce qui existe déjà, et dont par ailleurs on se fiche complètement.

De tous temps sous la cinquième (et comme dans tous les régimes autoritaires) les infos (toutes les infos) remontent en priorité au Palais qui évidemment pour tenir ses sujets se doit de rester le mieux informé de tout et sur tout, lui qui peut tout, y compris … ne rien faire.

Et c’est d’ailleurs ce qu’il fit dans cette lamentable gestion du Covid : rien, ni avant, ni pendant, ni après (à part nous mettre la tête sous l’eau bien entendu).

Car il est très évident “qu’il y a dix ans” l’existence des recherches sur les thérapies génique à base d’ARN était très bien remontée en haut lieu, lequel n’en tenait aucun compte au double motif, et que les résultats en étaient dans les limbes, et (surtout) que seuls importeraient, comme on a pu le voir par la suite, les ordres à venir de BigPharma.

Pire, si l’on voulait faire la liste de tout ce qui a été communiqué (depuis que son porteur nous tient par la barbichette) aux royales portugaises, sans qu’il en sorte autre chose que des banalités de comptoir, il en sortirait le consternant bottin des sirupeuses négligences du très Haut.

Pire encore, on ne se demande même pas à quoi va donc bien servir ce nouvel ectoplasme, … parce que si le simple fait d’informer le Brahmà de permanence du moindre tressautement de la recherche, lui permet de modeler l’avenir à 10 ans, c’est que le Deus ex Mackinsey n’a vraiment besoin de personne.

Sauf pour en parler, évidemment.

Donc en gros, on ne fait rien, on n’en sait rien, on s’en contrefiche, mais disons le bien haut. Voilà qui est fait.

A propos de jacter, pas de temps mort dans la com, puisque « en même temps », Manu-la-Joncaille nous prévient que « Le moment est venu d’un rendez-vous avec la nation ».

Encore ?

D’autant que si l’on en juge par l’indigeste et comateux bla-bla (entre « le déni et l’hyperdramatisation » …. pour une … « lucidité exigeante » ….car …  « les Français demandent du sens »), qui entoure cette énième royale pantalonnade il est aisé de saisir que même son auteur n’en sait encore rien …

Pas grave, l’essentiel c’est d’en parler …

Merci pour l’image pieuse à :

https://www.anthea-antibes.fr/fr/spectacles/saison-2021-2022/tout-le-theatre/le-bourgeois-gentilhomme