Testez ! Testez … Testez ?

1. Les doctrines de tests

Si donc l’on veut bien se souvenir, la doctrine de tests a évolué de façon vraiment très, comment dire, ah si : de façon très « scientifique » ….

Les tests réservés

En février 2020, le test fut (comme toute nouveauté, même imaginaire) affaire de souveraineté nationale et d’hyperspécialisation. Lorsque le Covid débarqua en France, l’État (ou ce qui en la matière en tenait lieu) décida que le centre de référence était l’Institut Pasteur. Le Professeur Didier Raoult s’esclaffa : « un centre de référence pour une maladie inconnue ? Vous faites comment ? »

En quelques semaines le Pr Didier Raoult fit la preuve éclatante que l’immense direction parisiano-parisienne (et son affidé lyonnais) se prenaient les pieds dans la moquette dans les grandes largeurs, dans le même temps où à l’inverse la machine à tester marseillaise ronflait comme une horloge.

Des élites auto-désignées il ne resta pas grand-chose, hors le temps gaspillé à se chamailler au préjudice (déjà) des malades ce qui est, on le sait maintenant sans équivoque, la meilleure façon de gérer une épidémie

Les tests inexistants

Une fois (nationalement !) admis que pour un laboratoire d’analyse l’exécution de tests PCR en routine est en soi une opération classique et maitrisée, on décida d’envisager les tests à grande échelle, enfin disons à l’échelle des cas à tester, enfin non, disons plutôt à l’échelle de ce qui restait dans les armoires.

Nous avons tous en mémoire les scènes à la fois poignantes et ridicules (comme tirées des raccords coupés au montage d’un Bêtiser des Labos), de malheureuses laborantines désignant aux caméras de notre resucée ORTF, un bout de rayon vaguement poussiéreux au fond duquel on pouvait discerner deux ou trois boites ouvertes, accompagnées du commentaire « c’est ce qui nous reste pour les tests jusqu’à vendredi ». Nous étions bien entendu mardi. A vous Paris.

Combien de malades ou supposés tels n’ont-ils pu à l’époque être testés, donc dépistés, nous ne le saurons probablement jamais, étant précisé pour les grincheux que cette lacune peut probablement demeurer ouverte, si l’on veut bien admettre que l’on peut très bien étouffer à la maison sans avoir été testé pour ce faire.

Les tests sur ordonnance

Fin de la période de rodage : dès le constat effectué qu’il manquait toujours quelque chose, on commanda de tout, partout et en très grande quantité au point que les médecins vers la fin du printemps purent prescrire les tests le cœur léger et avec l’assurance que leur ordonnance n’allait pas subir la sublimation pour absence d’écouvillon.

Ce fut la belle époque des tests qui vit des médecins à leur affaire prescrire, diagnostiquer, voire soigner y compris à l’aide des traitements qui commençaient à poindre.

Notre système de santé avait « tenu », les médecins étaient revenus, que demander de plus (si c’est pas beau ça).

Les tests libres

En haut lieu toutefois on déchanta : hors les habituels hypocondriaques, et quelques retours de zone à risque (ou à bringue), les tests finalement touchaient surtout les malades qui, symptomatiques, venaient à consulte. Par surcroit nombre de médecins avaient pris (comme pour toute maladie dès lors suffisamment connue) la très sérieuse et très regrettable habitude de soigner sans obligatoirement faire tester : à quoi bon faire confirmer une infection parfaitement reconnaissable et diagnostiquée que l’on peut traiter sans souci.

Le pouvoir s’en irrita au motif qu’échapperaient ainsi à l’inflexible vigilance publique les asymptomatiques, qui dans certains cas peuvent être contagieux (vaste débat sur lequel nous reviendrons bientôt dans une étude spécifique ad hoc).

Il n’y avait donc que deux solutions : soit tester tout le monde tout le temps, ce qui eut été ridicule et hors de prix, soit ouvrir les tests gratuits au moindre caprice, ce qui fut tout aussi ridicule mais un peu moins couteux, et surtout producteur à foison de cet étonnant et inépuisable terreau fait d’asymptomatiques plus ou moins crédibles mais fort palpables.

Les tests débridés

A partir de ce moment là, la machine s’emballa dans une atmosphère de fin de banquet (certains dirent même de règne). Entre les hypocondriaques (à hauteur concevable de la machine à trouille officielle), les départs et retours de week-end, et tous ceux qui plus généralement et quotidiennement aiguillonnés par le pouvoir sanitaire se firent tester pour un oui ou pour un non, le volume de tests journaliers accouchait chaque soir d’un petit Himalaya dont il n’y avait plus qu’à ratisser goulument les cas positifs évidemment annonciateurs du pire, et que les médias n’eurent plus qu’à faire flamber.

Les tests forcenés

L’opportunité de mesurer l’évolution de l’épidémie en glosant sur le nombre de cas positifs, s’avéra d’autant mieux venue qu’elle s’inscrivit en hors d’œuvre de la fumeuse, hasardeuse et pernicieuse stratégie « tester-tracer-isoler ».

Formule fumeuse car testé positif ne veut dire ni malade ni systématiquement contagieux ; formule hasardeuse car tracer ne permet ni de repérer, ni de dénicher, tout au plus de dénoncer ; formule pernicieuse enfin puisque isoler veut ici surtout dire enfermer et ne pas soigner.

Là où il fallait tester dans la sérénité et le professionnalisme pour diagnostiquer et prendre en charge, il fut décidé au contraire de tester à la mitraillette, toute cible atteinte devenant suspecte : Tester – accuser – menacer … singulier programme de soins.

Les tests récréatifs

Assez vite toutefois il apparut que les tests massifs, même assénés au fusil à dispersion, allaient devenir un problème en soi. Car dans le même temps où œuvrait la troupe mise en place pour débusquer (sans les soigner) les malades supposés, survint un intrus : le « vaccin » ARN dont on sait qu’il ne pouvait en bon financier hégémonique supporter la moindre concurrence.

Il fallut donc tenter d’assurer dans un premier temps leur coexistence : on décida que tous deux concourraient à égalité. Mais à quoi concourir ? Singulière difficulté si l’on songe que le test est là pour aider à diagnostiquer, mais le vaccin pour protéger. En bonne logique donc la concurrence n’aurait pas lieu d’être.

A moins que le test ne dissuade de se vacciner évidemment ! Il fallait y penser : combien de sujets (hors des catégories à risque) choisiraient simplement, et sans recours au vaccin, de se tester en cas de doute ?

Rien à faire, il fallait trouver un champ de bataille : ce fut celui du pass sanitaire dont l’articulation fut en l’occurrence basée sur l’idée simpliste et racoleuse que les deux méthodes présentaient le point commun d’éviter la propagation de la maladie. Ce combat tourna court aucune des deux on le sait n’offrant de garantie suffisante en la matière.

Donc après les avoir imprudemment mis sur pied d’égalité imaginaire, il faudrait que l’un disparaisse de façon autoritaire : le choix se porta sur le test au motif auto justificateur de l’efficacité décrétée du « vaccin ».

On vous l’avait dit : c’est « scientifique ».

Devenu gênant et réputé donc dorénavant « récréatif » le test deviendra bientôt payant, avant que d’être, n’en doutons pas, décrié, donc déconseillé puis interdit.

Voilà pour ce qui est des injonctions étatiques permanentes et autoritaires de faire ou de ne pas faire qui auront décidément été la marque la plus inattendue (et la moins médicale) de la gestion de cette épidémie.

2. Les types de tests

Hors la doctrine autoritaire mise en place par l‘État tout puissant, il ne peut être répondu à la question de l’opportunité aujourd’hui du test qu’au regard de ses objectifs, de ses variantes et de ses conditions d’exécution.

a) Les laboratoires et structures de tests

Les tests sont le fait des laboratoires d’analyses et (pour certains d’entre eux, réputés de  moindre pertinence) de tiers notamment pharmaciens.

Les laboratoires d’analyse médicale représentent un maillage professionnel dense dans lequel l’État n’a pu évidemment s’empêcher de mettre le doigt. Sous l’impulsion de nos élites et de leur modèle d’État toujours soucieux d’appuyer la course au gigantisme, le nombre des sociétés de biologie médicale a été divisé par 7 entre 2010 et 2020 (de 4200 à 600).

Si l’on peut laisser ouverte la pertinence ou non de l’idée un peu bêta, amerloque, simpliste et compulsive selon laquelle ne flotteraient que les gros poissons, en revanche il faut bien constater que ce souci d’harmonisation ne semble pas avoir touché de la même façon la recherche beaucoup plus importante (mais il est vrai éminemment moins décretable) des standards d’analyse.

Cette absence d’harmonisation est devenue criante en matière de tests notamment PCR destinés à identifier les porteurs du Covid-19.

Harmoniser veut dire organiser la correspondance entre les différents types de tests, les mécanismes des tests, les protocoles suivis et bien entendu, en matière de tests PCR, le nombre de cycles d’amplification : sans quoi il est bien évident que comparer et amalgamer les résultats positifs produits pas les laboratoires n’a rigoureusement aucune signification médicale objective.

b) 497 tests différents !

Selon les autorités de santé elles-mêmes il existe un nombre considérable de tests, dont certains multiples (détectant également certaines variantes de grippe) et d’autres simples, chacun de ces tests ayant son réactif, et le tout appliqué par les 600 sociétés de biologie médicale et leurs succursales.

Les derniers chiffres donnent à cet égard le tournis : https://covid-19.sante.gouv.fr/tests

148 types de test antigéniques

182 types de tests sérologiques

167 types de test RT-PCR

Soit en tout 497 types de tests !

Pour n’évoquer que les tests PCR, évidemment chacune de ces officines est donc susceptible en fonction du type de test PCR, du réactif, de la machine, du nombre de cycles d’amplification CT, et des décisions techniques du responsable du laboratoire, d’élaborer un test PCR parfaitement professionnel mais dont on comprend bien qu’il n’offre aucune garantie d’homogénéité comparé à ses centaines ou milliers de voisins.

Malheureusement c’est notamment sur le nombre de « cas » (dont on sait de surcroît la notion élastique) ainsi identifiés puis annoncés chaque jour que se calent l’autorité pour tenter de définir la conduite à tenir, et les médias équipés de leurs télé-infectiologues pour relayer la panique générale.

De l’imprécision chronique à l’embardée il n’y a jamais loin.

c) Les tests RT-PCR

Abrégés RT-PCR pour « Reverse Transcriptase polymerase chain reaction » ou réaction de polymérisation en chaîne par transcriptase inverse, ce test permet de multiplier (selon un nombre de cycles d’amplification CT) une séquence d’ARN ou d’ADN à partir d’une faible quantité de prélèvement.

Ces tests sont  considérés comme les plus fiables et donc souvent comme le juge définitif, appelés en tant que tels notamment à confirmer un test antigénique.

Quoique parfaitement maitrisé en soi, leur mécanisme relève d’une technologie complexe : les sources d’erreurs sont nombreuses cependant que les comparaisons entre les résultats selon des tests différents y compris issus de CT de même valeur peut s‘avérer plus que délicate.

Voir pour une explication très générale (mais n’évoquant pas en revanche le problème des seuils de détections) : https://u-paris.fr/des-tests-rt-pcr-pour-detecter-le-coronavirus/

Voir pour une analyse plus fouillée des difficultés d’interprétation et de réglage :

https://www.thermofisher.com/fr/fr/home/life-science/pcr/real-time-pcr/real-time-pcr-learning-center/real-time-pcr-basics/real-time-pcr-understanding-ct.html

Par ailleurs la fiabilité du résultat est étroitement liée à la qualité, à la reproductibilité, à l’uniformisation donc du mode même de prélèvement. Le CNR de Lyon insiste (un peu lourdement) sur le besoin d’un prélèvement qualitatif (et donc de son uniformité sous l’angle des politiques de santé publique) : https://www.sfm-microbiologie.org/wp-content/uploads/2020/05/Mise-au-point-sur-la-sensibilite%CC%81-des-tests-RT-PCR_CNR.pdf

Arrivé à ce stade, il est aisé de comprendre que parler de tests RT-PCR et de « cas positifs » au niveau national frise la schizophrénie :

Soient

497 tests dont 167 de type PCR

x autant de machines

x autant de réglages que de directeurs de laboratoires

x autant de CT (inconnus) décidés ponctuellement mais naviguant allègrement entre 25 et 45,

x toutes les pratiques diverses et variées des préleveurs

=  des paquets de « cas positifs » entassés au râteau et dépourvu donc de la moindre signification globale possible.

Dès l’automne 2020, le Pr Didier Raoult fut le premier à mettre les pieds dans le plat en insistant sur deux écueils majeurs :

– Le nombre de cycles d’amplification CT devait absolument être harmonisé en même temps que délimité en deçà d’un seuil maximum : autant à CT 25 on est sûr de trouver du bon virus qui signe une contamination avérée, autant au-delà d’un CT de 35, il n’y a plus le moindre virus. C’est « de l’eau » !

– Ensuite, les incohérences des résultats sont telles et le flou, entourant le système franchouillard des tests effectués quasiment à la pelle à tarte, à ce point artistique que l’IHU dut contrôler systématiquement les positifs venant d’ailleurs. Et là le verdict fut terrible :

« On a jusqu’à 44% de faux positifs quand on contrôle des gens qui ont été positifs ailleurs ».   (Voir notamment : https://youtu.be/ZeTI141Qn9E

L’OMS elle-même confirme que les tests PCR doivent être interprétés avec des pincettes, en lieu et place donc des gros sabots cloutés de nos dirigeants :

https://reseauinternational.net/loms-confirme-que-le-test-covid-19-pcr-est-invalide-les-estimations-des-cas-positifs-sont-sans-fondement-le-confinement-na-aucune-base-scientifique/

Il eut d’autant plus fallu d’urgence mettre en place une harmonisation des procédures de test, que les « cas positifs » annoncés en grande pompe chaque soir sont ceux-là même qui servent de base à la politique, à l’enfermement et aux discriminations, tous sanitaires bien entendu !

Et que croyez-vous que l’on fit ?

Rien ….. bien entendu.

Enfin si, il fut tout de même décidé de lâcher quelques infectiologues de plateau pour s’en aller courageusement casser du Didier Raoult sur écran plat.

d) Les test antigéniques

Ces tests dont le résultat est connu en 15 à 30 minutes, permettent de détecter les antigènes que produit le virus SARS-CoV-2. Leur inconvénient majeur, selon le pouvoir sanitaire ? ils ne seraient pas aussi fiables que les tests PCR.

Leur inconvénient véritable (qui est donc inverse !) : ils seraient beaucoup trop sensibles et produiraient 63 % de faux positifs (voir l’article paru dans le Canard Enchainé du 23 décembre 2020 page 3).

Les laboratoires eux-mêmes ne s’en cachent d’ailleurs pas ! https://covidinfos.net/covid19/test-covid-rapide-63-des-patients-diagnostiques-faussement-positifs-selon-les-laboratoires-biogroup/2831/

Ces tests se répartissent en trois sous-catégories :

– les tests antigéniques classiques, sur prélèvement nasopharyngé, aujourd’hui homologués et qui donnent accès (comme les RT-PCR) au pass sanitaire

– les autotests qui sont identiques mais à réaliser soi-même, après lecture des conditions d’utilisation fournies avec le matériel lors de l’achat. Les autotests COVID permettent de détecter la présence du SARS-COV-2 chez les personnes à l’aide d’un prélèvement nasal. Ils ne donnent pas droit au pass sanitaire en raison d’une sensibilité plus faible, l’auto-prélèvement étant considéré comme un facteur limitant la fiabilité.

les autotests dits supervisés, qui réalisé sous la supervision d’un professionnel de santé permet, en cas de résultat négatif, de générer une preuve reconnue dans le cadre du passe sanitaire « activité ». Cette formule mise en place tout récemment est censée cajoler le citoyen dans le sens de l’écouvillon en lui (re)donnant un tout petit peu de la liberté à peine confisquée.

https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/dgs-urgent_79_evolution_de_la_strategie_de_depistage.pdf

e) Les tests sérologiques

Les tests sérologiques permettent, par le biais d’un prélèvement sanguin, de détecter la présence d’anticorps spécifiques au SARS-CoV-2, ce qui permet de savoir si la personne a déjà été infectée par le virus dans le passé.

En bonne logique ce test devrait faire fureur puisque permettant à chacun de savoir si la protection existe (indépendamment de son degré), et donc notamment de déterminer si le vaccin (quel qu’il soit) offre ou non quelque intérêt.

Et pourtant l’usage de ce type de test est (proportionnellement) insignifiant, la HAS n’en faisant peu ou prou qu’un test de rattrapage   

https://www.has-sante.fr/jcms/p_3273496/fr/covid-19-quelle-utilite-aujourd-hui-pour-les-tests-serologiques

3. L’opportunité du test

La question est vaste et il ne peut être donné de réponse univoque.

Dans un monde médical idéal, la première étape est celle du médecin traitant, qui assume sa mission, vous ausculte, procède aux investigations nécessaires et vous prescrit le traitement adapté à votre situation.

Par le malheur d’une gestion sanitaire autoritaire largement sous la coupe de Big Pharma, nous sommes à de notables encablures de ce schéma, mis au rebut par un pouvoir sanitaire ayant délibérément opté pour le non-soin.

A ce stade de la gestion de l’épidémie le test nous semble en soi de plus en plus sur la sellette et la petite phrase lâchée à ce sujet par le Conseil scientifique, selon lequel « les personnes non-vaccinées testées négatives » seraient tout à coup  « des personnes à haut risque d’infection », nous semble particulièrement lourde de sens. Voir : https://basta-covid.fr/galimatias-scientifique-en-arn-majeur/

Les tests (et les testeurs) n’ont pas fini de nous surprendre …. et comme nous pouvons le subodorer, tout cela sera une fois de plus très « scientifique »

Pas si sûr que le test devienne notre ami, finalement …