Le BANDITDEGRANDCHEMIN 2022 est paru !

Notre essai comparatif des meilleurs réfugiés : les spots à ne manquer sous aucun prétexte ! toutes les infos !

Avec l’arrivée du printemps, nous lançons comme chaque année notre comparatif des meilleurs réfugiés sur un rayon moyen d’environ 6000 km qui représente la bonne distance-type pour jauger du bon fonctionnement des divers équipements disponibles.

Compte tenu des parentés techniques entre certains modèles, nous les avons par ailleurs souvent regroupés par familles afin de faciliter ce comparatif.

Une nouveauté enfin cette année : en lice aujourd’hui les modèles les plus classiques côtoient certains parmi les dernières nouveautés et même deux prototypes appelés à une large diffusion.

L’Afghan : une valeur sûre

Distante de Paris de quelque 5600 km, Kaboul est depuis de longues années un fournisseur fidèle de nos contrées. Grâce à plusieurs dizaines d’années d’oppression très bien gérée tant par les russes que, ensuite par les américains, le pays est complètement détruit, ce qui assure une production régulière à ce modèle d’anthologie.

Atout maître,sa production fut (comme souvent) en partie française puisque, sur ordre des américains nous avons participé longuement à l’occupation militaire du pays pendant quelque dix ans. A son couvre-chef typique, semblable à celui du Commandant Massoud (que, fidèles à notre inimitable ladrerie, nous avons honteusement négligé) l’Afghan ajoute ce beau visage racé et buriné qui fait fureur sur les plages de Calais. Défaut notoire en revanche, l’Afghan est fréquemment de confession musulmane, ce qui freine tout de même nettement son implantation. L’aura-t-on dit et répété.

Le Syrien et le Libyen : des livraisons gâchées

Deux fournisseurs méditerranéens nous présentent leurs modèles cousins, l’un de Damas (3200 km environ), l’autre de Tripoli au coût de livraison légèrement réduit, vu la distance plus menue (2000 km au bas mot). Quoique ces modèles soient maintenant bien connus, disons franchement que leurs livraisons hachées n’ont pas toujours aidé à leur diffusion.

Longtemps le syrien s’est fait rare, la famille Assad tenant (grâce à nous aussi il est vrai) le pays d’une main de fer. L’étau des arrivages s’est toutefois assez bien desserré depuis notre gestion totalement hagarde du printemps arabe en Syrie : mélange d’inaction, de cynisme, voire de vagabondage diplomatico-militaire, notre réponse occidentale aux appels de ce peuple brimé a rappelé aux plus anciens d’entre nous certains exploits touchants de la quatrième République. Aujourd’hui, grâce au concours de la Russie, les espoirs de la population ont été douchés et une réserve de réfugiés est stockée en Turquie et en Grèce, que nous finançons pour les tenir au frais.

Le libyen pose certains problèmes voisins. Écrasée par le tyran Kadhafi auquel la France a longtemps reconnu d’indéniables et nombreuses qualités, la population assez casanière n’est que peu sortie à l’étranger. Grâce à nous toujours, il a été remédié à ce blocage légèrement schizophrène en bombardant le pays, ce qui a redonné un certain dynamisme au marché intérieur, comme à ses capacités d’export, même si la qualité de la livraison maritime laisse encore à désirer.

Au final deux modèles, qui vu leur mise à disposition hésitante, ne figurent toujours pas toutefois parmi les records d’immatriculation. Précisons aussi que la teinte des modèles livrés alliée à leur religion peu catholique achève souvent de décourager le preneur.

L’érythréen : un produit de niche

En dépit d’une distance non négligeable (5000 km), l’occident a su maintenir ce pays dans un état de pauvreté et de terreur tel que les livraisons n’ont jamais faibli. Ce qui prouve si besoin était que la constance et l’opiniâtreté sont porteurs de résultats même pour des produits de niche très spécifiques. Nous disons de niche car la production présente toutes les peines du monde à se défaire d’un classicisme tout à fait suranné dans la définition des palettes de coloris. Ne cherchez pas de modèle clair. Il n’y en a pas, au point que même les versions métallisées tirent sur l’obscur. Autre inconvénient, la cohabitation avec l’afghan ou le méditerranéen est délicate, et donc si vous vous décidez pour ce modèle, ne prévoyez les extension futures que sur la même ligne de produit. Enfin, un détail à ne pas négliger, l’obsession à rejoindre les quartiers sud de Londres rend l’usage quotidien assez lourdaud. Rien n’est parfait il est vrai.

L’Ukrainien : en direct des podiums et déjà en prêt-à-porter

A peine 2000 km nous séparent du lieu de production de ce modèle dernier cri, qui grâce aux bons offices de nos dirigeants, vient d’arriver sur le marché en grande pompe. Et là, autant ne rien vous cacher : il n’y en aura pas pour tout le monde. C’est bien simple, avant même de connaître les tarifs et les conditions de mise à disposition, les commandes ont afflué. Un client sur deux se décide quasiment sur catalogue.

Il faut dire que la prise en charge de la livraison par les autorités, conjuguée au lancement à l’américaine des chaines de production achève de sécuriser l’acheteur. Cela dit, nous vous recommandons de ne pas précipiter la négociation. Tout ayant été fait pour que le conflit mis au point par les autorités internationales se déroule en mode durable, aucune rupture de stock n’est à craindre dans les délais habituels. La France par exemple a pris soin de livrer des armes aux deux belligérants, ce qui est encore le meilleur moyen de s’assurer d’une situation larvaire idéale au maintien des cadences de production.

Enfin que dire du modèle lui-même sinon que de teinte claire et convenablement équipées, les premières livraisons devraient satisfaire même les plus exigeants. Un bémol tout de même : les modèles les mieux pourvus partent en priorité et dès lors si vous êtes décidé ne trainez pas : les séries suivantes ne seront probablement ni aussi nettes, ni aussi bien dotées, ni bien entendu aussi orthodoxes.

Le Yéménite : la France au taquet

Sans cesse annoncée, toujours repoussée, la non-sortie sur nos marchés du yéménite pourrait bien en faire l’arlésienne. On a beau savoir que le fabricant peaufine son prototype, il nous tarde d’autant plus de pouvoir faire l’essai complet de ce modèle qu’il est directement sponsorisé par la France qui livre sans faiblir depuis plusieurs année son armement à l’Arabie Saoudite engagée dans la guerre du Yémen à moins de 6000 km de la plus belle avenue du monde.

Il est vrai que nos liens avec l’Arabie Saoudite sont tenaces. Loin de l’arabe subi (qui, même né en France et parqué dans de splendides zones sans avenir ni présent, nous embarrasse passablement) l’Arabie représente l’arabe choisi, pourvoyeur de pétrole, amateur d’armes de destruction pourquoi pas massives, et surtout suffisamment riche pour ne pas trop s’écarter du Georges V et du Faubourg St Honoré. Un partenaire donc militairement occidentalisé et hautement fréquentable, et avec lequel nous œuvrons la main dans la main à la mise au point de ce prototype, dont le ministère continue à garder jalousement les plans. L’année prochaine peut-être pour enfin un essai complet sur route ouverte.

L’Égyptien : un défi prometteur

Moins de 3200 km nous séparent du Caire et pourtant il nous faut encore attendre pour prendre livraison des premiers modèles de série. Si avec le Yéménite, le flou demeure sur le sérieux de la fabrication, aucun risque pour l’Égyptien, dont le berceau après plusieurs dizaines d’années de régime autoritaire a amplement fait la preuve de ses capacités de production.

Seule ombre au tableau, le printemps arabe qui a bien failli faire capoter l’ensemble du projet. Heureusement la reprise en mains de l’usine par son nouveau dirigeant a permis de rétablir la situation. Compte tenu par ailleurs que la France livre toutes les armes nécessaires dont le chef de production local sait faire bon usage, le sourire est revenu, sans même gâcher l’air bêtement avenant de nos philosophes à jabot.

Évidemment ici comme souvent il faudra compter avec la teinte mitigée entrevue sur les modèles de pré-série, ainsi qu’avec la rareté probable des versions standards dont l’exportation massive n’a pas encore été agendée.

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En conclusion, notre conseil vous l’avez compris tient en deux mots : opportunité et patience.

Si vous êtes prêts à vous lancer, n’hésitez pas et foncez sur l’ukrainien dont la promotion nationale en forme de kermesse ajoute un petit côté fun à notre bonne conscience.

Si vous pouvez patienter, la prise d’une option sur des destinations d’avant garde pourra vous réserver qui sait une heureuse surprise ultérieure : le bénéfice étant souvent tout de même à la hauteur du risque, rien ne dit que vous perdrez autant avec le Yéménite qu’avec le Moderna !