Suicide en bande organisée

Le parlement de la cinquième république vient donc de clôturer la séquence législative dite du « pass vaccinal » en maitrisant au passage en double aveugle une pantalonnade institutionnelle d’anthologie.

Saisi dans l’urgence d’un texte non urgent, convoqué par le souverain régnant pour débattre d’une énième restriction des libertés publiques sans en avoir été préalablement informé, sommé de bâcler l’étude du texte en commission, interdit de requérir d’autres sources de documentation que celles imposées par la ligne obligatoire, lancé sans précaution dans les débats avec pour seule exigence d’entériner le texte élaboré par l’exécutif, telle était l’injonction notifiée à la représentation nationale.

Or ne mégotons pas : le gant fut brillamment relevé : entre le parti majoritaire à genoux devant qui lui promet sa prochaine réinvestiture législative, la droite républicaine engoncée dans une opposition de façade électoraliste et la gauche dont les remontrances n’en finissent plus de s’incliner devant le dogme de la vaccination intégrale, tous ces Mesdames et Messieurs auront fort bien œuvré à bâtir un nouveau bastion de la tyrannie.

Nous jetterons un voile pudique, et sur le Sénat toujours aussi vide de ses défaites majoritaires, et sur les concertations postiches entre deux chambres qui se dédaignent tellement qu’on les dirait de nations étrangères, sans parler des navettes parlementaires dont les stations désaffectées n’occupent plus que les rares chroniqueurs figaresques de cet écroulement démocratique.

Il est des peuples qui rêvent d’un parlement représentant leurs soucis, leurs besoins, leurs émotions, leurs vies mêmes, en un creuset fécond, dynamique et contradictoire.

Et il en est d’autres, pourvus de tels mécanismes, mais revenus de tant de révolutions mort-nées, de tant de privilèges ressassés, qu’ils n’ont même plus la force de désigner les coupables : ceux-là mêmes avachis, vautrés, attablés à se repaître des défroques de la république.

Un ange passe : dis-moi qui te représente et je te dirais dans quel abîme tu seras précipité.

Donc, et pour redonner un peu de fraicheur tout de même à cette atmosphère poisseuse, soyons directs et concrets :

A compter de la décision prochaine du Conseil Constitutionnel, le pass vaccinal, c’est à dire l’injection systématique de fioles expérimentales américaines, sera l’unique moyen, pour faire quelque bassins en piscine à Angoulême, pour depuis Montauban aller embrasser la tatie à Cahors, pour flâner à la foire agricole de Barcelone-du-Gers, pour déguster un sot-l’y-laisse à l’Époisses à Semur-en-Auxois, pour se délecter d’un coq au vin à Cluny, ou tout simplement pour boire un café ou un spritz en terrasse au bar du coin.

La raison ? C’est pour nous emmerder : Macron en a rêvé, le Parlement l’a fait.

Quelle classe tout de même !

https://www.lefigaro.fr/flash-actu/covid-19-l-assemblee-nationale-adopte-definitivement-le-passe-vaccinal-20220116?