Réanimation : un peu de mesure …

Un fait notoire quotidien nous horripile : le terme « réanimation » brandi par les médias à l’appui de leurs bavardages catastrophistes, et qui conduit à entretenir l’anxiété, au besoin à l’aide d’images choc dans une démarche démago-sanitaire largement insoutenable.

Car cette démarche ostensiblement contraire à ce que serait une véritable information, omet soigneusement de préciser en quoi consiste exactement la « réanimation » et très exactement quels sont les stades de cette prise en charge.

Il existe trois types de prise en charge que l’on pourrait dire rapprochée, et qui en milieu hospitalier conduisent à prodiguer au patient des soins spécifiques qui vont au-delà de l’hospitalisation conventionnelle.

1. La surveillance continue : destinée à prendre en charge un patient ayant un risque de défaillance vitale et que l’on doit donc surveiller «en continu »

2. Les soins intensifs qui vont être appelés en cas de défaillance grave mais limitée et / ou de durée limitée

3. La véritable réanimation stricto sensu destinée à la prise en charge prolongée de défaillances multiples et graves (notamment par l’intubation).

Précisions :

– certains pays connaissent également d’autres gammes de soins dits « intermédiaires », qui sont une sorte de compromis entre les stades 1 et 3 et permettent une surveillance serrée ainsi que des actes de soins plus invasifs mais sans forcément entrer dans une réanimation stade 3 dont les interventions sont très lourdes.

– En fonction des structures hospitalières sur le terrain, il existe de nombreuses adaptations notamment dans les situations d’urgence que doivent gérer les médecins, de sorte que les médecins eux-mêmes auraient beaucoup de mal à réaliser une photographie homogène et lisible (qui plus est nationale !) à un instant T.

– la pratique des professionnels est essentielle dans la gestion et dans l’adaptation ou l’allègement des mesures thérapeutiques, donc aussi dans l’amélioration des soins et du pronostic du patient. Il faut (une fois de plus) faire référence au Pr Raoult qui à l’IHU de Marseille et avec ses équipes, a mis en place à grande échelle l’oxygénation à haut débit (mécanisme « Optiflow » ) avec la conséquence de pouvoir éviter l’intubation d’un nombre considérable de patients.

On le comprend : évoquer, de façon lapidaire le nombre global et national d’entrées « en réanimation »  le soir à 20 h n’a donc rigoureusement aucun sens autre qu’anxiogène.

Mais il y a plus pointu encore, en termes qualitatifs. La prise en charge d’un malade, et la gravité de son admission dans l’un des trois stades ci-dessus, ne peuvent être évaluées qu’en fonction des caractéristiques propres du patient. En d’autres termes, faire bénéficier un jeune 25 ans de soins de stade 1 ne peut pas être perçu de la même façon qu’admettre une personne âgée de 85 ans en stade 3, et ce ni à titre topique, ni en terme de gravité de l’épidémie. Et pourtant certains médias seraient ravis d’annoncer : « deux nouveaux malades sont entrés en réanimation » !

Ces médias sont inexcusables car tout ceci leur a été expliqué à de réitérées reprises par de grands spécialistes de la question, qui, comme nous, en ont soupé d’entendre chaque soir les habituelles nuées de perruches et godelureaux balancer sur grand écran les chiffres de l’angoisse.

Pour faire bon poids dans la critique, nous dirons qu’il est tout aussi inexcusable à nos yeux que le pouvoir sanitaire de même que les mandarins qui squattent les plateaux TV n’interviennent pas pour faire cesser ces indécentes pratiques.

Tout ceci est d’autant plus indécent que des malades il y en a, des vrais, et que toute cette énergie serait mieux employée à les soigner, notamment en les faisant bénéficier des traitements précoces, ce qui, par surcroît nous éviterait aussi les crises d’hystérie vaccinale que la population doit subir en plus de l’épidémie.