Quelques considérations helvétiques

Le thème que nous abordons n’est pas stricto sensu Covidien à l’excès, mais il donne quelques clefs pour comprendre ce qui se passe là-bas et pourquoi les abus y sont plus réduits et mieux combattus.

Voir également notre billet ad hoc du 2 octobre sur : https://basta-covid.fr/petit-precis-de-dictature-sanitaire-comparee/

Les Banques d’abord (car tel est l’un des sujets abordés par l’un de nos lecteurs ) :

En pourcentage du PIB le secteur bancaire représente environ 9% en Suisse et 6 % en France. L’idée de réduire la Suisse à son seul secteur bancaire fantasmé (quand ce n’est pas carrément au chocolat !) est donc une absurdité.

Il est vrai que la Suisse a développé une compétence de pointe en matière de gestion de fortune, mais la France (comme d’autres pays, Angleterre et Pays-Bas en tête) n’a nullement à rougir en la matière.

Les investissements dans les paradis fiscaux « grâce » aux banques suisses ? Hors même les pandora et panama papers qui démontrent l’envergure mondiale du sujet, il y a de quoi rire, puisque toutes les banques du monde l’ont fait ou le font. C’est fiscalement et éthiquement indéfendable mais ce n’est pas une spécificité suisse (et ce d’autant moins qu’a disparu le fameux « secret bancaire »).

Enfin la Suisse elle même (hors quelques cas minoritaires) n’est pas un paradis fiscal. Les impôts et prélèvements y sont au contraire très lourds. L’image du suisse qui vivrait sans travailler ni payer d’impôt sur un tas d’or (et de chocolat) est une niaiserie.

Voilà pour « les banques » : la Suisse est largement sur ce point un pays comme d’autres ni plus vertueux, ni moins responsable.

Alors la Suisse c’est quoi ?

Une véritable et assez étonnante confédération de pays, de cantons, qui s’est construite depuis 1291 par l’adhésion régulière de peuples partageant la même vision, et d’une nécessaire indépendance d’esprit, et d’une volonté de vie quotidienne libre.

Quelques corollaires à ce jour issus de ce sens profond de la démocratie et de la liberté :

Les suisses ne passent pas leur temps à se plaindre et sont capables d’efforts individuels et collectifs peu concevables (parfois) depuis l’étranger.

Compte tenu d’une assez correcte stabilité administrative, les entreprises, et notamment l’industrie et les PME y sont très fortes. L’avenir d’entreprise, donc l’avenir des projets donc celui de chacun a un sens véritable. La capacité de voir l’avenir autrement que comme un tunnel subi et contraint est fondamentale autant à titre individuel que sur le plan économique. La différence avec la France est ici considérable.

Au plan politique, cette volonté d’indépendance se traduit pas une démocratie quotidienne remarquable : le droit d’initiative populaire et le référendum (qui n’est pas contrairement  à ce que croient certains gauchistes franchouillards le moyen d’éjecter avant terme l’élu qui a cessé de plaire) donnent un poids réel à la population.

En termes de gestion publique la consultation et la concertation sont permanentes. L’idée d’avoir comme en France à chaque étage un seul type qui décide sans discuter est regardé comme une ânerie crasse et une folie complète.

Comme les germains et les nordiques (ou les anglo-saxons), les montagnards suisses ont la capacité de débattre : le point de vue de l’adversaire est toujours écouté, surtout pour mieux si besoin le réfuter, arguments à l’appui : c’est en écoutant son contradicteur que l’on trouve les contre-arguments. Là où un méditerranéen laissera tomber parce que se croyant définitivement soit plus fort soit plus faible, l’helvète retrousse ses manches et cherche le débat. C’est vrai en politique, en entreprise et au quotidien.

Le respect d’autrui est fondamental : celui qui ne respecte pas autrui est vu comme un minable qui essaye juste de faire passer la loi du plus fort, et donc acceptera le moment venu de s’y soumettre. C’est un aveu de faiblesse qui rend son auteur d’abord ridicule ! Les abus du gouvernement français sont donc l’objet d’une stupéfaction quotidienne : ainsi donc sont au pouvoir en France les moins compétents, les moins capables de débattre et les plus dirigistes, juste parce qu’ils tiennent provisoirement le couteau par le manche ?

Alain Berset est le Conseiller Fédéral chargé de la santé. Quelle que soit l’opinion que l’on peut nourrir sur sa gestion, il ne viendrait à personne l’idée de le détester ou le mépriser. Comparez avec notre président ou notre ministre de la santé.

Les critiques ?

Elles ne sont pas minces mais complexes, comme le pays lui-même.

En interne : le poids excessif des germanophones, même s’il correspond au poids de la population. Mais ce sont les francophones qui le disent ! En interne aussi : une dualité croissante entre campagnes et villes ; mais tout ceci reste assez poli et civilisé.

A l’extérieur : une certaine satisfaction de soi qui agace (en France). Les suisses étant conscients de leurs atouts, ont tendance à le montrer, ou du moins à ne pas trop le dissimuler.

A l’extérieur encore : le jeu d’équilibriste de la Suisse en Europe. Mais d’un autre côté la ligne n’est pas évidente à suivre si l’on veut vivre et commercer avec ses voisins sans se faire embarquer dans une Europe qui à maints égards fonctionne à peu près n’importe comment. Et puis l’attitude de l’Europe vis-à-vis de la Suisse est aussi une suite d’oukases que les suisses avec raison ne sont pas d’accord d’avaler.

Avec la Suisse même les vraies critiques donc sont délicates.

Le plus important cela dit :

La Suisse montre que les pouvoirs Big Pharma pourraient être tenus en échec.

C’est un peu vrai en Suisse. Ce pourrait l’être beaucoup plus.

Et ce pourrait l’être partout, ce qui finalement n’est pas un scoop : que les peuples reprennent le contrôle de leur destin et la finance retournerait à ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : un moyen technique et non pas une hydre dévorante.

Post scriptum : n’hésitez pas à lire “Petite Histoire Constitutionnelle Suisse” par le grand constitutionnaliste Jean-François Aubert. Écrit avec humour, érudition et une parfaite connaissance du sujet. Et infiniment plus vaste et plus fouillé que les quelques éléments que nous vous donnons ici, par essence spontanés mais incomplets.

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