Le Veau d’Or est toujours debout

En parallèle à Emmanuel Macron, bel et bien élu, est définitivement entré chez nous (mais par effraction) le pouvoir insensé de la finance mondialisée.

Ce fut par effraction, car pour achever d’inonder notre société de ses préceptes mortifères, cette engeance funeste s’est glissée dans le sillage d’un candidat à la présidentielle très largement acquis aux préceptes américanisés d’une finance toute puissante. Nous avons voté pour le Roi des français, mais c’est aujourd’hui l’argent-roi mondial qui nous gouverne.

Cette intrusion fut facilitée par Emmanuel Macron car il fallait aussi une présidence qui soit autoritaire, nouveauté s’il en fut, dans la mesure où l’échantillon de présidence décomplexée dont nous gratifia Nicolas Sarkozy n’alla pas jusqu’aux rives du Nasdaq.

Or la finance mondiale est une hydre, une pieuvre exclusive : avec elle la mondialisation (dont la traduction instructive en amerloque invasif est « globalization ») n’est pas qu’une rationalisation des échanges, mais bien, et avant tout, une perversion de la fin par les moyens, une appropriation du commerce et un dévoiement systématique de l’économie par et pour le profit capté, donc illégitime, et la spéculation.

Là où l’argent était le moyen de commercer et de vivre (voire de très bien commercer et de très bien vivre), son descendant bâtard, la finance, est devenu un but en soi, un but exclusif, un ectoplasme à part entière, mondial, autonome, dominateur, commandeur des peuples.

Devenues systématiquement multinationales, donc non-nationales, et maintenant anti-nationales, ces escadres de financiers détestables ont entrepris de tout ravager sur leur passage.

Autrefois émanations des peuples, aujourd’hui dociles exécutants des marchés boursiers, des institutions financières et des groupes de pression, les États en sont venus à se consacrer sans la moindre vergogne, sous la férule de dirigeants parfaitement alignés, à ressasser cette litanie crasse selon laquelle une multitude infinie de profits dérisoires tiendrait lieu de vision.

La presse autrefois témoin de l’histoire, aujourd’hui possédée par les sbires du profit mondial ne cesse de s’humilier, et les courants d’opinions, consciences, précurseurs, initiateurs de pensées philosophiques et politiques, éclaireurs souvent de chemins populaires, les voici devenus aveugles porte-voix de sottises convenues, brochettes de philosophes de salon : tous ne sont plus que relais asservis, esclaves ridicules de leur propre déchéance, morts-vendus au Dieu-Pognon.

Ayant habilement fait croire que tout se vend, les macaques de la finance ont tout acheté. Il ne restait plus que la vie même des peuples à dévorer tout cru, quitte à saisir pour ce faire une terreur mondiale parfaitement pilotée.

Le Veau d’Or est de retour : aurons-nous sinon la force, tout du moins l‘inspiration de briser les Tables de la Loi ?

Espérons le, tant il est vrai qu’il faut d’abord espérer pour pouvoir : au temps des chiffres insensés, le temps, lui aussi, nous est compté.